CRITIQUE DE ITAL EL LAYL (THE NARROW FRAME OF MIDNIGHT) DE TALA HADID
Texte : Karine Tessier
Des êtres qui cherchent, qui se cherchent. D’abord, un homme (Khalid Abdalla) qui suit la trace de son frère disparu au Maroc, en Turquie, puis en Irak. Et aussi, une fillette orpheline (Fadwa Boujouane) qui multiplie les tentatives pour s’affranchir d’un couple, qui planifie la vendre pour faire un gros coup d’argent (Hocine Choulri et Majdouline Idrissi).
Toute la distribution brille dans Itar el layl, scénarisé et réalisé par Tala Hadid, proposant une interprétation sensible, subtile, où les regards et les petits gestes sont d’une importance cruciale. Fadwa Boujouane, qui n’avait que sept ans au moment du tournage et pour qui c’est le premier film, y est bouleversante.
Dans cette coproduction Maroc-Royaume-Uni-France, sortie en 2014, beaucoup de silences, infiniment plus évocateurs que les mots, qui n’arriveraient pas à dire tous les secrets gardés enfouis par les protagonistes et à expliquer toutes leurs blessures, dont certaines qui ne nous seront jamais racontées. On capte des bribes de souvenirs, de rêves. On recolle les morceaux de ces personnages brisés, mais résilients.
Ce premier long métrage de fiction de Tala Hadid, également photographe, est empreint de poésie. Les personnages y sont baignés d’une lumière dorée. Quant à la direction photo, elle sublime cette fable cruelle. Une vue d’une grande beauté, qui nous apprend qu’il est parfois essentiel de se perdre pour ensuite trouver le chemin qui nous ramènera à la maison. À voir absolument.
Présenté dans le cadre du Festival international de cinéma Vues d’Afrique à Montréal, Ital el layl est reparti avec une mention spéciale du jury, bien méritée.
Site Web officiel du film : www.thenarrowframeofmidnight.com
Site Web officiel du Festival international de cinéma Vues d’Afrique : www.vuesdafrique.com