Archives de la catégorie ‘Événements’

Texte : Karine Tessier

La huitième édition du festival Longue vue sur le court débarque dans le Sud-Ouest de Montréal avec une nouvelle cargaison de courts métrages de fiction, documentaires et d’animation, du 23 au 27 novembre 2022. Au menu, plus de 70 œuvres, représentant 18 pays, dont 41 provenant du Québec et du Canada. L’occasion parfaite de découvrir des créations singulières de grande qualité, peut-être même avec les enfants, puisque quelques séances leur sont tout particulièrement dédiées. Fragments Urbains a visionné une partie du programme pour vous et vous parle de ses coups de cœur.

Piscine pro

Pour les amoureux de l’ironie et de l’humour absurde, Piscine pro est un must! On y retrouve le ton si particulier au scénariste et réalisateur Alec Pronovost, connu pour son travail sur les séries télé Le Killing, Complètement Lycée et Club Soly. Dans ce court, où brillent Louis Carrière et Alexis Martin, notamment, un bachelier en histoire, spécialisé en études sur les Vikings, s’ennuie à mourir dans un emploi de commis d’un magasin de piscines. Nul doute que ce petit film d’à peine huit minutes rappellera bien des souvenirs à ceux qui ont déjà occupé un boulot alimentaire, parachutés dans un domaine professionnel qui leur est totalement étranger.

III

Avec son premier court métrage, III, la scénariste et réalisatrice Salomé Villeneuve (la fille de Denis) attire l’attention, avec raison. Cette histoire de trois enfants qui entrent en conflit lors d’une sortie de pêche trouble, voire bouleverse. La jeune cinéaste souhaitait explorer, dans sa première œuvre, la faculté qu’ont les enfants d’aimer et de détester, parfois de façon soudaine. Dans ces jeux parfois cruels initiés par les petits, s’immisce par moments la violence, exprimée verbalement et physiquement. Un récit fascinant qui se déroule dans la beauté brute de la nature québécoise, mise en valeur par la superbe direction photo de Fred Gervais, qu’on connaît également pour son travail de photographe.

Suzanne & Chantal

Une création délicieuse que ce court métrage écrit et dirigé par la polyvalente Rachel Graton, dont on admire déjà les talents de comédienne et de dramaturge. Le film a d’ailleurs remporté le Prix du public de la compétition officielle au dernier Festival REGARD, à Saguenay. Dans cette fiction riche en surprises et en personnages truculents, Anne-Marie Cadieux et Béatrice Picard incarnent avec énergie deux complices tout sauf sages, qui partent en mission… dans un salon de coiffure! Une vue au rythme enlevant, qui célèbre l’amitié avec originalité. Dire qu’on aimerait retrouver ces femmes hautes en couleur dans un long métrage est un euphémisme!

La Théorie Lauzon

Cette nouvelle proposition signée Marie-Josée Saint-Pierre s’adresse autant aux fans invétérés du cinéaste Jean-Claude Lauzon qu’à ceux qui souhaitent le découvrir. Dans cet essai psychanalytique, on dresse le portrait de celui qu’on surnommait le « mouton noir » du septième art québécois, à l’aide d’archives, d’extraits de son œuvre et d’animation, sublimés par l’esthétique caractéristique de Saint-Pierre. La Théorie Lauzon se veut également une captivante et touchante réflexion sur l’identité et les relations père-fils. Le processus de création est définitivement l’un des thèmes de prédilection de la documentariste, elle qui nous a déjà proposé des courts sur le musicien de jazz Oscar Peterson, le cinéaste Claude Jutra, ainsi que l’animateur Norman McLaren. Un incontournable du festival.

La Guêpe

Dès les premières secondes de La Guêpe, on est happé par l’atmosphère anxiogène et la trame narrative énigmatique, accentuées par les mélodies d’une grande beauté signées Antoine Binette Mercier, avec l’incontournable Claude Lamothe au violoncelle. L’acteur et metteur en scène Marc Beaupré se révèle un réalisateur fort habile, avec ce premier effort, qui raconte le quotidien d’une propriétaire d’un motel plutôt crade, qui sera bouleversé par l’arrivée d’un inconnu. Dans le rôle titre, on retrouve avec bonheur Marie-France Marcotte, dont on a pu apprécier l’immense talent, cet automne, dans la série télé Avant le crash. Une performance magistrale, récompensée par un prix, à l’occasion du dernier Festival international du film Fantasia de Montréal. L’œuvre est également repartie avec le Prix du public – bronze, dans la catégorie du Meilleur court métrage québécois, lors de l’événement.

Little Berlin

Inspirée d’une histoire vraie, cette création de Kate McMullen raconte un pan de la vie dans un petit village allemand, pendant la Guerre froide. Et elle le fait d’une manière on ne peut plus inusitée… en racontant l’existence de Peter le taureau, marquée par la solitude, une fois que le rideau de fer le sépare de ses 36 concubines. En à peine un quart d’heure, l’œuvre réussit à nous faire rire aux éclats, autant qu’à nous émouvoir. Une proposition charmante, narrée de façon brillante par l’acteur Christoph Waltz.

Warsha

Un matin dans la vie de Mohammad, qui bosse dans la grue la plus grande et dangereuse de Beyrouth. Suspendu au sol, au-dessus des gratte-ciel, l’homme en profite pour assouvir ses désirs en laissant son esprit vagabonder. Dans ce court, la Montréalaise Dania Bdeir utilise la colorimétrie pour faire écho aux émotions de son personnage principal, d’abord étouffé par les conditions de travail difficiles et l’univers machiste des chantiers, puis libéré lorsqu’il se réfugie dans ses songes. La direction photo de Shadi Chaaban confère à l’œuvre une élégance indéniable. Dans le rôle de Mohammad, l’artiste multidisciplinaire Khansa offre une performance sensible, qui permet une réflexion nuancée sur la binarité, le genre et les limites de l’émancipation dans une société conservatrice. Tout ça au son de la musique de la légendaire Oum Khalthoum, considérée par plusieurs comme la plus grande chanteuse de l’histoire du monde arabe. Le film a remporté le prix du Meilleur court métrage international remis par le jury, cette année, au festival de Sundance. Un honneur amplement mérité.

Stranger Than Rotterdam With Sara Driver

Quelle histoire aussi surréaliste qu’hilarante que celle de Stranger Than Rotterdam With Sara Driver! Le court, signé Lewie et Noah Kloster, suit les péripéties de la productrice du deuxième film, culte, de Jim Jarmusch, Stranger Than Paradise, en 1982. On regarde pour la minutie de l’animation, le charisme de la protagoniste principale et parce qu’il s’agit assurément d’un des plus réjouissants behind the scene jamais proposés.

Partir un jour

Dans ce film mélancolique, mais empreint d’humour et de lumière, Amélie Bonnin nous raconte une histoire d’amour qui n’est jamais arrivée, ponctuée de chansons de 2Be3, Francis Cabret et Ménélik. Dans les rôles principaux, Bastien Bouillon et la chanteuse star Juliette Armanet sont terriblement charmants. On se régale tout autant du jeu de François Rollin, hilarant en père râleur. Une œuvre qui parlera à tous ceux qui, pour fuir l’ordinaire et réaliser leurs rêves, ont un jour quitté leur patelin pour la grande ville. Et qui ont réalisé tôt ou tard qu’aucun endroit n’est parfait et que la magie se trouve parfois là où on s’y attend le moins. Mention spéciale au générique, qui prend des airs de karaoké. Adorable.

Pour toutes les infos sur le festival Longue vue sur le court, c’est ici.

Texte : Karine Tessier

Sophie Desmarais et François Arnaud. Photo : IXION Communications.

Avec La Switch, son deuxième long métrage, le réalisateur et scénariste canadien Michel Kandinsky a choisi de raconter le retour au bercail du caporal Marc Leblanc, un tireur d’élite, dans une petite bourgade du nord de l’Ontario, mais surtout ses efforts pour tenter de retrouver une existence paisible, loin des champs de bataille. Avant sa sortie en salle, le 11 novembre, jour du Souvenir, l’œuvre a été présentée lors de la 28e édition du Festival de films francophones CINEMANIA. Fragments Urbains y a rencontré les acteurs François Arnaud et Sophie Desmarais, interprètes de Marc et de Julie, qui partagent la vedette avec Roch Castonguay et Lothaire Bluteau, afin de discuter entre autres de la genèse du projet, des défis rencontrés lors du tournage, ainsi que des conséquences tragiques de l’incapacité de communiquer.

Le parcours vers les écrans de cette nouvelle proposition de Michel Kandinsky a été sans aucun doute sinueux. « Il s’est écoulé plusieurs années entre le moment où j’ai reçu le scénario et celui où on a tourné le film, il y a deux ans. J’ai donc eu beaucoup de temps pour me préparer, ce qui est un véritable luxe. J’y ai longtemps réfléchi », explique François Arnaud, pour qui le réalisateur et scénariste a écrit le rôle de Marc Leblanc. Des mois à lire des bouquins, faire des recherches, rencontrer aussi des militaires qui sont allés en mission à l’étranger. Et à peaufiner le scénario.

Photo : Peter Andrew Lusztyk.

Désir d’authenticité

Au départ, La Switch devait être joué en anglais. Mais puisque peu de longs métrages sont tournés en français hors des frontières du Québec, le cinéaste y a vu une opportunité. « C’était alors vraiment important pour moi qu’on parle avec l’accent authentique de cette région du nord de l’Ontario, afin que ce soit crédible », confie le comédien québécois. « On tenait à ce que les gens de l’endroit se sentent représentés. Il a fallu trouver une personne ressource pour nous épauler et on a rencontré Julie, de Timmins. Le processus a duré deux mois, à coups de conversations sur FaceTime, explique Sophie Desmarais. Tout ça, dans le but d’arriver sur le plateau avec une liberté de jouer, sans se sentir contraints par l’accent. Je me suis d’ailleurs en partie inspirée de Julie dans la création de mon personnage. »

Bien que la serveuse qu’elle interprète, aussi prénommée Julie, ne soit présente que dans quelques scènes, l’actrice a rapidement été séduite par le projet. « C’est François, avec qui je suis amie depuis notre sortie de l’école, qui m’a approchée le premier. Par la suite, j’ai rencontré Michel, le réalisateur, et je l’ai beaucoup aimé. Je trouvais son approche très radicale, ce qui me plaît en général, peu importe les sujets qui sont abordés, poursuit la comédienne. Ce n’est pas un gros rôle, mais Julie sert un peu de contrepoids dans l’histoire. C’est un esprit libre. J’ai tout de suite apprécié sa force, doublée d’une insouciance, peut-être d’une inconscience, par moments. Je trouve ça le fun d’incarner des femmes qui s’assument! Elle amène une certaine légèreté, une énergie qui tranche avec celle des autres protagonistes. »

Photo : Peter Andrew Lusztyk.

Douleurs enfouies

En effet, le climat dans lequel baigne le long métrage est on ne peut plus morose, voire délétère. Marc, son père et son frère, qui ont aussi servi avec les Forces armées, taisent leurs souffrances, tant physique que psychologique, tentant d’éviter d’effrayer leur entourage ou, tout simplement, parce qu’ils craignent de ne pas pouvoir fermer les valves, une fois celles-ci finalement ouvertes.

« Le grand défi était de faire un personnage intérieur, réprimé, qui a tellement de difficulté à s’exprimer et à sortir de sa coquille. En même temps, il n’est pas complètement hermétique pour le public. On est avec lui. Il y avait aussi un travail de direction photo, afin de faire une œuvre d’un point de vue subjectif, précise François Arnaud. J’ai essayé d’incarner Marc le plus honnêtement et simplement possible. Je n’étais pas du tout dans un effort de transmission, au contraire! C’était presque comme du jeu masqué. Comme si mon personnage utilisait son visage en guise d’accessoire derrière lequel se cacher. Il se passe tellement de choses, en dessous, mais l’idée était d’en montrer qu’une infime partie. »

Dans La Switch, de nombreuses séquences sont quasi méditatives. On observe Marc préparer le petit-déjeuner, s’exercer au tir dans le champ vaste qui entoure la résidence familiale, arpenter les petites rues de la modeste localité.

« C’était presque une impression de documentaire, en fait. Pour cette partie du long métrage, je n’étais pratiquement pas dirigé, j’étais laissé à moi-même. Michel était juste là en témoin, il captait mes gestes avec sa caméra », se souvient François Arnaud.

Un tournage particulier, qui comportait une part substantielle de solitude pour l’acteur, qui mentionne au passage que les 25 premières pages du scénario ne comportaient aucun dialogue.

Photo : Peter Andrew Lusztyk.

« Les premières semaines, on filmait les scènes où j’étais tout seul. Alors, quand d’autres comédiens sont arrivés, j’éprouvais un sentiment paradoxal, une sorte de joie de pouvoir partager ça avec quelqu’un, doublée d’une sensation d’être envahi, confie le comédien. À l’inverse, à mi-chemin pendant le tournage, il y a une scène avec Lothaire Bluteau à l’intérieur de la voiture, durant laquelle il dit ce que mon père pensait de moi. Ç’a été une scène très, très touchante à tourner. C’était ardu pour moi de retourner, pour les séquences suivantes, dans la répression, de me renfermer de nouveau. J’avais envie d’être ouvert! »

Cette immersion dans les méandres de l’esprit torturé du jeune retraité, peuplés de fantômes d’ennemis assassinés ou de collègues abattus, est cruelle, mais étonnamment douce et toujours sans jugement. C’est que La Switch est à des lieues des films de guerre auxquels nous a habitués Hollywood. Ici, point de séquences boostées à la testostérone pour dire les affres de la guerre. Les plus grands ravages sont intimes. Le caporal peine à comprendre ce qui lui arrive, alors que les flash-back sanglants se succèdent et qu’il perd peu à peu pied dans la réalité.

« Au cours de mes recherches sur le trouble de stress post-traumatique, j’ai compris que ceux qui en souffrent peuvent avoir des réactions trop minimes à de gros événements et, à l’opposé, des réponses excessives à des incidents banals. Des réflexes tout autant psychologiques que physiques. À ce sujet, le libre The Body Keeps the Score, de Bessel van der Kolk, m’a beaucoup aidé. C’est quelque chose de très primal, finalement », analyse le comédien.

Le silence des hommes

Cette incapacité à communiquer de la gent masculine n’est cependant pas l’apanage des anciens combattants. On a inculqué à des générations d’hommes que la virilité et la vulnérabilité étaient incompatibles, et que demander de l’aide était un signe de faiblesse.

« Julie pose plein de questions à Marc, sur ce qu’il a vu en Afghanistan, ce qu’il a fait au combat, par exemple. Elle est curieuse, elle va vers l’autre, alors que les personnages de Marc et de son père sont incapables de le faire, explique Sophie Desmarais. Ce que j’aime du film, c’est que plutôt que de les élever en héros, on montre qu’ils ont de la misère, qu’ils en arrachent. Mais même s’ils n’arrivent pas à se le dire, on sent qu’ils s’aiment. »

Cette illustration d’une communication morcelée et d’une affection tue entre hommes confère à La Switch une portée universelle, qui va bien au-delà des impacts funestes de la guerre sur ceux qui ont été déployés.

« C’est vrai que, dans la société, les femmes sont victimes de la masculinité toxique. Mais les hommes eux-mêmes en sont, je pense, les premières victimes. Ça métastase, ça devient un cancer qui est transmis de génération en génération. Et, évidemment, quand tout ce qu’on connaît comme moyen de s’exprimer, c’est la rage, c’est de cette façon que ça sort, avec violence », explique François Arnaud.

La Switch, de Michel Kandinsky, est en salle depuis le 11 novembre 2022 et sera également disponible sur la plateforme Crave à compter du 13 novembre 2022.

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Texte et photos : Karine Tessier

Photo : David Wong.

Rares sont les projets qui fusionnent les domaines de l’art et de la santé. Présenté à Tangente, dans l’Édifice Wilder, l’événement multidisciplinaire Les Jeux du crépuscule, dont la création et la direction artistique sont signées Ariane Boulet, se veut une réflexion aussi intime que grandiose sur notre rapport au vieillissement et à la maladie. En plaçant la danse au service de l’humain, l’artiste nous invite à explorer ces passages obligés de l’existence, pour les adoucir et, peut-être, les réinventer.

Une œuvre chorégraphique d’abord, mais également une exposition, des ateliers de coprésence, des discussions, un recueil de poèmes. Un bouquet d’activités, que le public peut découvrir en tout ou en partie et pendant lesquelles il est parfois invité à participer.

Photo : David Wong.

Le spectacle est le résultat de huit années de visites dans plus d’une vingtaine de CHSLD, avec le projet Mouvement de passage. Ariane Boulet et ses acolytes y ont côtoyé des dizaines de personnes âgées en perte d’autonomie ou en fin de vie, insufflant dans leur quotidien souvent difficile un brin de magie. Ils ont égayé les chambres, les espaces communs et même les couloirs des établissements de soin et ont permis aux aînés de s’exprimer, d’interagir, de stimuler leur créativité, de se raconter à travers les gestes et la musique, sans même prononcer un mot. Les résidents ont tissé des relations avec l’autre, un défi immense, dont la réalisation est facilitée par l’intervention de l’art.

Ce sont toutes ces expériences, à la fois banales et hors du commun, douloureuses et légères, tragiques et hilarantes, qui nous sont racontées par les talentueux interprètes des Jeux du crépuscule. Des souvenirs physiques, sensoriels et émotifs, témoins de transformations personnelles résultant du vieillissement et de la maladie. Une dame qui offre à une danseuse une visite guidée de sa chambre, comme si la pièce exiguë tenait davantage d’un majestueux château. Une résidente à l’âme séductrice qui caresse sensuellement le bras d’un artiste, l’œil coquin. Un vieillard malentendant qui « écoute » la mélodie en ressentant les vibrations qui émanent du sol. Une femme atteinte de démence qui, chaque jour, « attend l’autobus » devant la porte de l’ascenseur.

Il émane de l’œuvre d’Ariane Boulet une bienveillance et une tendresse touchantes, un profond respect pour les aînés rencontrés et leurs vies si riches. Sans taire la souffrance,  la créatrice et ses complices proposent au public de focaliser sur l’apport des personnes âgées à notre société, leur générosité, leur humour, leurs 1 000 histoires. Le groupe nous assure qu’il y a, dans les CHSLD, lieux où les conditions de vie et de travail sont parfois pénibles, un « potentiel de party à chaque coin de couloir ».

Photo : David Wong.

Cette sensibilité à fleur de peau, couplée à des habiletés techniques certaines, fait d’Audrey Bergeron, Lucy M. May, Isabelle Poirier, David Rancourt, Georges-Nicolas Tremblay et Julie Tymchuk de grands interprètes. Charismatiques, ils nous offrent un récit qu’on savoure doucement et qui nous fait tantôt rire à gorge déployée, tantôt s’essuyer une larme furtive sur la joue. Si la chorégraphie nous émeut autant, c’est aussi parce qu’elle nous confronte à notre propre fragilité, au caractère inéluctable de la maladie et de la mort.

Photo : David Wong.

Pour accompagner les mouvements fascinants des danseurs, la voix et les mélodies sublimes de Marie Vallée, qui signe la direction musicale, la composition et l’interprétation de la bande sonore des Jeux du crépuscule. La performance de l’artiste sur et aux abords de la scène, plutôt que l’utilisation de pistes préenregistrées, ajoute à l’ensemble une intensité captivante.

On quitte la salle chaviré, avec en main un petit poème d’Ouanessa Younsi, autrice et psychiatre, ainsi qu’une semence de fleur de calendule, symbole du cycle de la vie. De petites attentions qui permettront à l’œuvre d’Ariane Boulet de nous accompagner encore plus longtemps dans le temps.

Bande-annonce ici.

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Atelier : Rencontre avec la technologie de la présence.

Juste avant la représentation, on a eu le privilège d’assister à une des activités inspirées par les recherches des scientifiques Stefanie Blain-Moraes et Naila Kuhlmann. Un petit capteur attaché à notre doigt, pour enregistrer les données de notre système nerveux, on s’est laissé guider par les directives de l’animateur Marco Pronovost. Après quelques profondes respirations, on a été invité à explorer et développer une connexion avec un autre participant à l’atelier, en improvisant des mouvements. Puis, les chercheuses ont analysé les chiffres recueillis, en plus de nous en dire davantage sur leurs travaux. Passionnantes, leurs études ont notamment permis d’observer chez des patients atteints de démence des réactions physiques à l’autre, comme si le corps conservait des souvenirs de rencontres passées que l’esprit a oubliées.

Pour en apprendre plus, c’est ici.

Exposition de Marie-Hélène Bellavance

Lors de ses ateliers créatifs donnés en CHSLD, l’artiste visuelle propose aux résidents et à leurs proches aidants de fabriquer de petites maisons à souvenirs, remplies de fragments de leur histoire personnelle. Avec ce projet intitulé La Maison que j’habite, moi, elle aide les aînés, souvent isolés, déracinés, encore davantage pendant la pandémie de COVID-19, à prendre conscience que leur maison est avant tout à l’intérieur d’eux-mêmes et qu’il est toujours possible de s’y réfugier. Dans l’exposition présentée en accompagnement aux Jeux du crépuscule d’Ariane Boulet, Marie-Hélène Bellavance propose au public les créations des personnes âgées avec qui elle a travaillé, mais aussi ses propres peintures et installations, délicates et précieuses, qui reprennent les thèmes qui l’inspirent depuis ses débuts, soit la vie, la mort, la transformation et la résilience.

L’événement artistique Les Jeux du crépuscule d’Ariane Boulet a été présenté du 28 avril au 1er mai 2022 à Tangente, à l’Édifice Wilder, à Montréal.

Texte : Karine Tessier

Alors que la douceur du printemps nous remonte le moral et que les mesures sanitaires liées à la COVID-19 s’allègent, la 38e édition du Festival international de cinéma Vues d’Afrique de Montréal bat son plein! Pour son retour en salles, l’événement propose, du 1er au 10 avril, 118 films produits par 44 pays, dont 30 % ont été réalisés par des femmes. C’est donc un rendez-vous à la Cinémathèque québécoise, pour savourer des courts, moyens et longs métrages, de la fiction, des documentaires et des œuvres d’animation. Entre deux projections, on fait un détour par Le Baobar, le temps de prendre un verre, assister à un spectacle de musique ou d’humour et déguster la poutine africaine créée par le chef Edmond, du restaurant et traiteur Diolo.

Fragments Urbains a vu, pour vous…

Ayam

En arabe, « ayam » signifie « des jours ». Dans ce superbe court métrage signé par la Marocaine Sofia El Khyari, on suit les préparations pour la fête de l’Aïd al-Adha, la plus importante célébration dans la religion musulmane. Tout en faisant la cuisine, trois générations de femmes se racontent : la volonté de la grand-mère d’apprendre à lire et à écrire, à une époque où c’était mal vu pour une jeune fille de fréquenter l’école, l’histoire d’amour avec le grand-père… Un récit de famille tissée serrée, de tradition et de résilience, illustré par des dessins aux riches coloris, couchés sur du papier kraft. Rien d’étonnant à ce que les films de cette créatrice de talent aient été récompensés dans de nombreux festivals, un peu partout sur la planète.

Présenté dans un programme de courts métrages, le 2 avril.

Autrement d’ici

Lénine Nankassa Boucal, d’origine sénégalaise, a choisi de s’établir à Rimouski, il y a plusieurs années. Aujourd’hui, il est coordonnateur du Cabaret de la diversité, qu’il a fondé, une initiative pour favoriser le vivre-ensemble dans cette municipalité du Bas-du-Fleuve. Dans ce moyen métrage, il se confie sur sa vie dans la Belle Province et nous présente deux de ses concitoyens, Shanti Park, de la Corée, et Moustapha Ndongo, du Sénégal. Avec son documentaire, le sympathique cinéaste souhaite montrer que les immigrants s’intéressent à la culture du Québec et que celui-ci est ouvert à l’intégration des nouveaux arrivants.

On est vite touchés par les confidences de Lénine, Shanti et Moustapha, qui ont trouvé ici de nouveaux amis, mais qui se sont surtout découvert de nouveaux talents et des forces insoupçonnées. Des propos empreints d’humour et de sagesse, illustrés par les magnifiques images de cette région de l’est de la province, signées Philippe Chaumette. À voir absolument.

Présenté le 2 avril.

Balalaïka

Sur le rythme de Kalinka d’Ivan Larionov, classique folk russe du 19e siècle, une femme vit de bien étranges hallucinations… après avoir dégusté un poulet rôti! On rigole franchement devant les expressions tantôt abasourdies, tantôt horrifiées de l’héroïne. Un très court film, à peine deux minutes, franchement réjouissant, réalisé par la talentueuse cinéaste et illustratrice égyptienne Maii Mohamed Abd Ellatif. On en aurait pris bien plus!

Présenté dans un programme de courts métrages, le 2 avril.

La Danse des béquilles

Chaque matin, Penda se rend à Dakar pour mendier, pour aider sa mère à faire vivre la famille. Assise dans son fauteuil roulant, les écouteurs sur les oreilles, elle ondule au rythme de la musique et sourit, exultant la joie de vivre. Rêvant de devenir danseuse professionnelle, elle voit dans sa rencontre avec un jeune chorégraphe la chance d’atteindre son objectif. Mais, pour ce faire, elle devra surmonter bien des obstacles, notamment son handicap et l’attitude autoritaire de sa mère, autrefois elle-même artiste.

Ce court métrage du Sénégalais Yoro Niang est une histoire d’amour… pour la danse, narrée au son des tambours et de la kora. On y constate la puissance de l’art dans l’émancipation d’une femme victime de préjugés, tout autant que dans la réconciliation des membres d’une famille brisée.

Dans les rôles de Penda et de sa mère, Dème Coumba et Mbaye Awa sont sublimes. Ces grandes interprètes nous livrent des personnages complexes, parfois durs, mais qui irradient la grâce et la beauté. Mentionnons que la musique du film a été composée par Didier Awadi, membre fondateur du groupe hip-hop Positive Black Soul, bien connu des Montréalais.

Présenté le 2 avril.

Bande-annonce ici.

Dans les mains de Dieu

Quand Samir, qui travaille dans une boutique d’électronique, a besoin de repos, il oublie son téléphone et va marcher dans le désert marocain. Cette fois, il part à la recherche de son pote Saïd, sans garantie de le retrouver. Sur le chemin, il fait des rencontres, raconte de savoureuses anecdotes de tournage, se confie sur ses maints échecs professionnels et se livre à l’introspection.

Le réalisateur Mohamed Rida Gueznai a tourné son premier film à l’âge tendre de 12 ans, avec pour tout équipement un téléphone portable. Lauréat, en 2019, de plusieurs prix pour son court métrage documentaire Le Vieil Homme et la montagne, présenté dans 24 pays, il récidive avec un excellent premier long métrage, Dans les mains de Dieu, un road movie avec, comme vedette, un homme au cœur d’or et à l’esprit bohème, nostalgique d’un temps où les gens ne dépendaient pas des nouvelles technologies. Le cinéaste, aidé de son collègue Mohamed Reda Kouzi, signe une direction photo spectaculaire, qui sublime les beautés du pays de l’Afrique du Nord. Un artiste à surveiller.

Présenté le 2 avril.

Pour toutes les informations, c’est ici.

Texte : Karine Tessier

The Butterfly Effect, de Mirov. Photo : artch.org

Du 27 au 30 septembre, si vous passez par le Square Dorchester, vous aurez la surprise d’y trouver plus de 150 œuvres d’art contemporain, disposées dans des arches blanches. Des peintures, photographies, sculptures, impressions textiles et meubles créés par 21 artistes émergents, dans le cadre de la première édition du projet Artch. Fragments Urbains est allé faire un tour sur les lieux, alors qu’on s’affairait au montage de cette exposition d’envergure.

Chimère, de Richelli. Photo : artch.org

L’initiative, née d’une collaboration entre Art souterrain, Carrefour jeunesse-emploi Montréal Centre-Ville et JACK Marketing, vise à faire découvrir des créateurs prometteurs au public autant qu’au marché de l’art. Ces jeunes ont été sélectionnés par un jury au printemps dernier, puis ont reçu une bourse de 1 000 dollars, ainsi qu’une formation d’une cinquantaine d’heures. Ils ont pu approfondir leurs connaissances sur la gestion financière, les droits d’auteur, le réseautage, la scénographie. L’événement qui se déroule cette semaine, en plein cœur du centre-ville de la métropole, c’est la dernière étape du projet Artch.

Femme paisible, de Kevin Calixte. Photo : artch.org

« J’ai déjà fait des expositions dans des cafés ou de petites galeries privées. Mais un événement grand public, touchant autant de personnes, c’est la première fois, confie Geneviève Bilodeau-Blain. Avoir la reconnaissance d’un jury aussi prestigieux, c’est vraiment super. C’est un beau projet inclusif, même pour ceux qui, comme moi, sont autodidactes. »

« Je me souviens de la phrase d’un galeriste : « Si je prends un artiste sous mon aile, c’est comme si je me mariais avec. » Ça permet de comprendre pourquoi c’est dur d’entrer dans les galeries. Artch permet d’avoir une belle visibilité, de se faire connaître du grand public, mais également du marché de l’art », explique Thierry du Bois.

Diffractions glorieuses, de Maude Corriveau. Photo : artch.org

Pour épauler ces 21 jeunes créateurs, des ambassadeurs, comme Claudine Prévost, Francisco Randez, Anaïs Favron et Marie-France Bazzo. Et aussi une porte-parole, Geneviève Borne. « J’adore la jeunesse! J’adore encourager, donner un coup de main. J’ai été vraiment charmée par les œuvres de ces jeunes artistes là. Et j’ai été charmée par le programme, en fait, qui leur donne accès à un lieu très, très passant du centre-ville de Montréal. »

L’exposition Artch, c’est également l’occasion idéale de s’initier à l’art contemporain, qu’on souhaite ici démocratiser. Des ateliers gratuits sont d’ailleurs offerts au public. Et, sur le site du Square Dorchester, des guides seront présents pour orienter les visiteurs et leur faire découvrir leurs coups de cœur.

Crumbling Love, de Chloé Larivière. Photo : artch.org

« L’art contemporain, c’est tellement large. Le public ne sera pas forcément touché par tel art, mais il le sera par un autre. Et je pense que chacun peut trouver un petit peu un point d’accroche », affirme Thierry du Bois. Le photographe présentera notamment au public son projet Monster. « Ce sont des têtes de tracteurs, qui représentent un peu le visage des travailleurs des temps modernes. Les nouvelles technologies ont complètement transformé le paysage dans lequel on est. »

Monster, de Thierry du Bois. Photo : artch.org

De son côté, Geneviève Bilodeau-Blain propose aux visiteurs des collages colorés. « Je joue avec le microscopique, le macroscopique. Je mélange l’abstraction avec ce que je pense être du moléculaire, comme toutes les dynamiques internes. C’est un peu un clin d’œil à ma formation universitaire en biologie. »

Balançoire, de Geneviève Bilodeau-Blain. Photo : artch.org

Amoureuse de l’art contemporain, la porte-parole Geneviève Borne lance une invitation enthousiaste au public. « Ça nourrit l’âme de contempler de l’art. C’est ludique! C’est inspirant! Ce que je souhaite aux jeunes artistes, c’est de vendre des œuvres au public, d’être découverts par des collectionneurs ou des galeries d’art. C’est comme ça, parfois, qu’une carrière est lancée. »

Buffet galbé, de Douglas Mackay. Photo : artch.org

L’exposition Artch est présentée du 27 au 30 septembre 2018 au Square Dorchester, à Montréal.

Pour toutes les informations : artch.org

Texte : Karine Tessier

Visuels créés par les artistes Pénélope et Chloë.

Du 25 mai au 3 juin, à Montréal, les murs s’abattent. Entre les différentes disciplines artistiques. Entre ceux qui foulent les planches et le public. Mais aussi dans les profondeurs insondables de notre imaginaire. À OFFTA, festival d’arts vivants, on laisse à une cinquantaine d’artistes du théâtre, de la danse et de la performance tout l’espace nécessaire pour créer. Pour cette 12e édition, ils s’interrogent sur les frontières, un thème aussi rassembleur que polarisant. Morceaux choisis d’une programmation débridée, qui fait la part belle à l’hybridité.

Danse Mutante, c’est le relai chorégraphique imaginé par l’incontournable Mélanie Demers et sa compagnie MAYDAY. Prenant racine dans la métropole, la création poursuivra sa route à New York, Bamako, Anvers/Rotterdam, avant de se poser à nouveau à Montréal, à l’automne 2019, à l’occasion d’un événement-marathon. On savourera chaque mouvement esquissé par Francis Ducharme et Riley Sims, sur des mélodies de Mykalle Bielinski.

Si vous êtes charmé par les rimes et les notes envoûtantes de cette dernière, sachez qu’elle proposera, à OFFTA, son concert immersif Mythe, où s’entrelacent chant polyphonique, poésie orale et improvisation. La communion de six femmes, qui chanteront leur rapport au temps, à l’autre, à elles-mêmes.

À mille lieues de l’univers éthéré de Mykalle Bielinski, MAC(DEATH), de Jocelyn Pelletier. Sur scène, l’œuvre de Shakespeare prend des airs de concert métal. L’artiste fait un doigt d’honneur aux codes traditionnels, désireux de faire résonner les classiques ici et maintenant.

Il y a 70 ans, ce sont les signataires du manifeste Refus global qui se questionnaient sur les contraintes sociales. Leur percutant texte trouve-t-il encore écho auprès des Québécois, des décennies après sa parution? L’exposition Refus Contraire, à laquelle une vingtaine d’artistes et d’intellectuels ont contribué, se penche sur la question. À voir à la Galerie de l’UQAM, du 16 mai au 16 juin.

Vous vous passionnez pour l’envers du décor? Tendez l’oreille à la quotidienne OFF.Radio, qui proposera, tout au long du festival, des panels et des performances en lien avec sa programmation. Les émissions, enregistrées au Monument-National, seront disponibles sur les différentes plateformes de l’événement. Parmi les thèmes abordés : la notion de frontière dans le processus de création, la mémoire collective, les arts du cirque.

Pour son œuvre performative et expérimentale Nous serons universel.le.s, Kamissa Ma Koïta s’est nourrie autant des approches féministes, des mouvements altermondialistes et queer, que de la culture populaire. Une expérience immersive, où vous vous interrogerez sur les notions de privilèges sociaux.

L’une des six résidences de création présentées lors de cette 12e édition d’OFFTA, le projet Après la rue, de Mireille Camier et Ricard Soller i Mallol, juxtapose les récits de quatre artistes qui ont vécu de l’intérieur un mouvement de contestation populaire d’importance : la révolution verte à Téhéran en 2009, la révolution du jasmin à Tunis en 2011, les indignés à Barcelone en 2011, ainsi que le printemps érable à Montréal en 2012.

Aalaapi ᐋᓛᐱ, c’est un laboratoire conçu à partir d’un documentaire radiophonique, fruit d’une collaboration entre Québécois et Innus, qui donne la parole à des jeunes de 20 à 32 ans, qui se confient sur leurs passions, leurs peurs, leurs doutes.

Finalement, un rendez-vous incontournable de ce festival d’arts vivants, le MixOFF – Frontières & Boundaries, le résultat de plusieurs semaines de rencontres entre artistes et chercheurs, qui ont réfléchi ensemble sur le thème des frontières.

Pour tout savoir sur la programmation : offta.com

Texte : Karine Tessier

Pour sa 11e édition, la foire Papier 18 se pose encore cette année dans les vastes espaces d’Arsenal art contemporain Montréal, dans le quartier Griffintown. Du 19 au 22 avril, le premier événement du genre en Amérique du Nord vous donne à voir les créations de 300 artistes, représentés par 40 des plus importantes galeries d’art canadiennes. Voici les suggestions de Fragments Urbains pour profiter à fond de cette célébration.

Kiosque de la Galerie Hugues Charbonneau, Papier 16. Photo : Jean-Michael Seminaro.

Il s’agit de votre initiation aux arts visuels et vous aimeriez être guidés? Papier 18 a pensé à vous en offrant différentes visites commentées. Et si vous n’êtes pas rassasiés, pourquoi ne pas assister à l’une des nombreuses tables rondes? À la discussion L’Art thérapie : de la théorie à l’action, seront présentées des réalisations témoignant de l’impact concret de l’art thérapie dans la métropole. En 2018, y a-t-il encore des sujets tabous en arts visuels? Absolument! Il en sera question au panel Damage Control : Dealing With Controversy In Recent Contemporary Art. Alors qu’il est question depuis plusieurs années du fameux plafond de verre qui empêcherait les femmes d’atteindre les plus hautes sphères des affaires, des finances et de la politique, qu’en est-il du milieu de l’art contemporain? On réfléchira à la question à la table ronde Le Plafond de verre : la place des femmes dans le milieu de l’art contemporain.

Oeuvre de Dominique Pétrin, kiosque de la Galerie Antoine Ertaskiran, Papier 17. Photo : Jean-Michael Seminaro.

Vous préférez déambuler d’un kiosque à l’autre librement? Ne passez pas sans vous arrêter devant l’espace de la Galerie Antoine Ertaskiran, de Montréal. Vous y attendront les créations de Kim Dorland, connue pour ses forêts tantôt sombres, tantôt aux couleurs néon, les buildings de nuit d’Aude Moreau et les collages de papier sérigraphié de Dominique Pétrin.

Stikki Peaches, Jasmine, 2017, Mixed-Media on cardboard, 87,63 x 87,63 cm.

De son côté, la Galerie Station 16, située dans la métropole, revient cette année avec les sculptures aux messages politiques, sociaux et environnementaux de Laurence Vallières, les célèbres boîtes de sirop d’érable de WHATISADAM, ainsi que les œuvres empreintes de la culture pop des années 1980 et 1990 de l’incontournable Stikki Peaches.

Kit King, Gemini, 2017, Huile sur papier, découpé et riveté sur un support acier et aluminium, 127 x 188 cm.

Les artistes du kiosque de la Galerie Youn, de Montréal, ne laisseront personne indifférent. Kit King présentera ses portraits intimes qui défient les normes. Robin Crofut-Brittinham exposera ses réflexions délicates, entre mythologie et science-fiction, sur les relations qui unissent l’humain, la flore et la faune. Puis, il y aura les sculptures de papier découpé de Joey Bates, des fleurs immaculées minutieusement travaillées.

Du côté du Studio 21 Fine Art, d’Halifax, il vous faut admirer les tissages composés de découpures de magazines d’I-Chun Jenkins.

Poursuivez votre visite en allant jeter un œil aux oiseaux de proie de René Derouin, au kiosque de la Galerie Michel Guimont, de Québec, de poétiques observations sur la nature et la société actuelle.

Suite Ottawa No.18 – Gabrielle (Roy)
2018, eau-forte rehaussée à l’acrylique et au graphite, 30 x 23 cm.

Vous êtes des fans finis du très populaire Marc Séguin? Vous serez comblés en visitant la foire. Deux kiosques auront sur leurs murs des créations du célèbre Québécois, soit la Galerie Simon Blais, située dans la métropole, et la Galerie Jean-Claude Bergeron, d’Ottawa.

Shan Kelley, Disclosures (In the warmth of her arms I thought only of you.) (2017).

Cette année, plusieurs des créateurs présents à Papier 18 vous proposeront des œuvres qui nourriront les débats sur l’identité, qu’on parle de culture, de genre, d’orientation sexuelle ou de santé. De la Galerie Pierre-François Ouellette art contemporain, de Montréal, Meryl McMaster réfléchit sur les perceptions des cultures autochtones et européennes. Karen Tam, elle, illustre les représentations de l’Asie en Amérique du Nord et en Europe, quelque part entre les traditions et la société de consommation. Vous pourrez voir ses œuvres au kiosque de la Galerie Hugues Charbonneau, toujours de Montréal. Paul Petro Contemporary Art, de Toronto, exposera les fleuris sombres de Zachari Logan, qui explore, dans son travail, l’identité masculine. Et la galerie dc3 Art Projects, d’Edmonton, vous présentera les mots de Shan Kelley. L’artiste activiste exprime dans ses tableaux ses pensées sur l’identité, l’adversité, la maladie.

Oeuvres de Mitch Mitchell, kiosque dc3 Art Projects, Papier 17. Photo : Jean-Michael Seminaro.

Pour toutes les informations sur la foire Papier 18 et sa programmation : papiermontreal.com

L’an dernier, à l’occasion de Papier 17, nous nous étions entretenus avec les dirigeants de la Galerie Station 16, de la Galerie Trois Points et de la Galerie Robert Poulin. Pour lire leurs réflexions sur l’impact de la foire sur les affaires de leurs galeries, ainsi que la place des médias sociaux dans le marché de l’art contemporain, c’est ici.

Texte : Karine Tessier

L’affiche de la 34e édition de Vues d’Afrique, une oeuvre de Mucyo, artiste lauréat du concours d’illustration 2018.

La 34e édition du Festival international de cinéma Vues d’Afrique bat son plein à Montréal du 13 au 22 avril 2018. Le plus grand événement du genre consacré au continent africain et à sa diaspora propose aux cinéphiles 88 films de 33 pays, mais également des concerts, des découvertes gastronomiques, des expositions d’arts. Incursion dans la programmation de cette célébration incontournable de la diversité.

Vous appréciez les courts et longs métrages africains, mais admettez en connaître bien peu sur l’industrie cinématographique de ce continent? Trois documentaires vous permettront d’en comprendre les rouages. Dans Écran à fric, écran magique, de Cédric Souaille, projeté en première mondiale, on s’interroge sur le phénomène Nollywood, la prolifique industrie du cinéma nigériane. Dans Destin commun, hommage à trois éclaireurs du septième art, de Stéphane Vieyra, on s’intéresse à l’histoire du cinéma africain, à travers le parcours de trois de ses pionniers : Jean Rouch, Paulin Soumanou Vieyra et Ousmane Sembène. Finalement, dans Tahar Chériaa, à l’ombre du baobab, de Mohamed Challouf, on dresse le portrait du père du panafricanisme cinématographique. Soulignons qu’une exposition sur le cinéaste-ethnologue Jean Rouch est en plus présentée à la Cinémathèque québécoise pendant le festival.

Du côté de la fiction, vous devez voir la comédie parisienne La Vie de château, de Modi Barry et Cédric Ido. Vous y suivrez l’élégant Charles, chef d’un groupe de rabatteurs embauchés par des salons de coiffure afro pour attirer de nouveaux clients, qui rêve de lancer son propre commerce.

Si vous préférez les drames, I Am Not a Witch, de Rungano Nyoni, est un must. On y raconte l’histoire bouleversante d’une fillette de neuf ans accusée de sorcellerie par les habitants de son village et envoyée dans un camp de sorcières.

Les plus petits et les plus grands apprécieront le film d’animation camerounais Minga et la cuillère cassée, de Claye Edou. Minga, c’est une jeune orpheline qui vit chez une femme acariâtre.

Passionnés d’arts engagés, on vous propose le documentaire Burkinabè Rising, l’art de la résistance au Burkina Faso, d’Iara Lee. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, une communauté d’artistes et de citoyens résiste et demande des changements politiques, de façon pacifique.

Dans Aziz’Inanga, éclipse du clair de lune, d’Alice Aterianus-Owanga, projeté en première internationale, on dresse le portrait de cette influente chanteuse, qui mêlait rythmes traditionnels, jazz et pop. Celle qui a connu la gloire des années 1970 à 1990 est disparue de la scène musicale de façon brutale il y a 20 ans, un mystère que la documentariste tente de percer.

Profitez de votre passage au festival pour vous détendre au Baobar, situé à la Cinémathèque québécoise. Pendant la durée des festivités, vous y trouverez des traiteurs haïtien et africain, des spectacles de musique, ainsi qu’une sélection de courts métrages de réalité virtuelle. Ces films vous plongeront, entre autres, dans un festival d’arts de rue au Ghana et une zone de guerre du Sud-Soudan.

Vues d’Afrique, c’est aussi le Rallye-Expos, un parcours d’arts visuels à découvrir gratuitement un peu partout dans la métropole jusqu’au 30 juin prochain. Ce mois-ci, il vous sera notamment possible de visiter une exposition photo au Consulat général d’Égypte et d’apprécier le talent de photographe du rappeur Samian à La TOHU.

Pour toutes les informations sur le Festival international de cinéma Vues d’Afrique et sa programmation, rendez-vous au : www.vuesdafrique.com

Texte : Karine Tessier

Après un long, très long hiver, pourquoi ne pas célébrer l’arrivée des beaux jours à l’un des plus grands festivals d’érable gratuits de la province? Du 22 au 25 mars 2018, plus de 80 000 personnes sont attendues à la huitième édition de la Cabane Panache et Bois rond, sur la Promenade Wellington, à Verdun. Une tonne d’activités et de spectacles gratuits, du shopping, des cocktails et des bouchées à petit prix… De quoi vous tenir bien au chaud et occupés pendant ce premier week-end printanier! Suivez le guide!

Premier arrêt, évidemment, la bouffe! Une quinzaine de restaurateurs de l’arrondissement revisiteront les plats traditionnels de la cabane à sucre. Une cinquantaine de bouchées vous raviront les papilles, pour aussi peu que 2 ou 4 $. Une belle façon de découvrir des endroits comme le Blackstrap BBQ, la Boulangerie rustique Sweet Lee’s, le Restaurant Les Street Monkeys ou Les Îles en ville.

Pour faire descendre le tout, les bars du quartier vous serviront des cocktails préparés spécialement pour l’événement, vendus entre 2 et 6 $. On a hâte de tremper nos lèvres dans les recettes du Balconville, de la Taverne irlandaise Le Trèfle, du Bar Palco et du Bal Maltéhops. Aussi, vous pourrez déguster gratuitement les whiskys canadiens Crown Royal sur place.

Avant d’aller applaudir les musiciens en prestation au festival, faites vos emplettes au Magasin général, où vous attendront les créations de 18 artisans d’ici, des desserts aux tricots, en passant par des savons, des thés, des boissons alcoolisées et des jouets en bois.

Photo : Caroline Perron.

Sur les scènes de Cabane Panache et Bois rond, de la musique traditionnelle, bien entendu, mais aussi des rythmes folk, rock, hip-hop. À ne pas rater, le spectacle en formule homme-orchestre de Fred Fortin, qui reprendra des chansons de chacun de ses albums en version minimaliste.

Un coup de foudre assuré pour l’auteure-compositrice-interprète Sara Dufour, qui raconte ses drôles d’histoires sur des mélodies bluegrass irrésistibles.

Et les amateurs de hip-hop seront comblés par les beats vitaminés de Rednext Level et le rap engagé du toujours solide KNLO.

Pour compléter la programmation de cette fin de semaine des sucres endiablée, une multitude d’activités gratuites vous seront offertes. Vous pourrez écouter des contes et légendes, voir le documentaire Le Goût d’un pays de Francis Legault, mettant en vedette Fred Pellerin et Gilles Vigneault, vous essayer à la sculpture sur bois et au lancer de la hache, et faire connaissance avec des alpagas, des canards et des ânes miniatures.

Le printemps dans la métropole est lancé dans 3, 2, 1…

Pour toutes les informations sur Cabane Panache et Bois rond : www.promenadewellington.com/fr/evenement/cabane-a-sucre-montreal

Texte : Karine Tessier

Pour une 24e année, le festival Noël dans le parc convie les Montréalais à festoyer dans trois lieux de la ville, du 1er au 25 décembre. Plus de 100 spectacles et activités sont offerts gratuitement à la population à la place Émilie-Gamelin du Quartier des spectacles, ainsi qu’aux parcs des Compagnons-de-Saint-Laurent et Lahaie, tous deux situés sur le Plateau Mont-Royal.

On ne saurait résister aux attraits de cet événement, devenu au fil des ans un classique du temps des Fêtes dans la métropole. Pour l’occasion, les parcs participants sont transformés en villages féeriques, parsemés de cabanes de bois rond, où fleurent bon les sapins et les feux de joie. Sur l’un ou l’autre des sites, vous pourrez vous asseoir sur les balançoires, faire connaissance avec les moutons dans leur enclos, déguster saucisses, bières de microbrasserie, vin chaud épicé et chocolat chaud. Vous pourrez également y apprécier les performances d’artistes de cirque et de marionnettistes, en plus de remettre votre liste de cadeaux au père Noël (si vous avez été bien sage cette année, il va sans dire).

Photo : Emmanuel Crombez.

Vous êtes épris de traditions? On vous propose d’écouter des contes de Noël lors d’une promenade en carriole sur l’avenue du Mont-Royal ou encore de vous joindre aux participants de la Marche des flambeaux, qui aura lieu le 9 décembre.

Du côté de la programmation musicale, encore cette année, on frappe dans le mille! Le coup d’envoi sera donné, le 1er décembre, par la porte-parole de Noël dans le parc, l’auteure-compositeure-interprète Mara Tremblay, qui vient de lancer son tout nouvel album, Cassiopée. La sensible artiste est bien connue pour sa poésie d’une grande beauté, couchée sur des mélodies tantôt folk, tantôt ponctuées de guitares décapantes.

Tout de suite après, montera sur scène la géniale La Bronze, dont le deuxième album Les Corps infinis nous a totalement séduits. Impossible de ne pas être touché par cette charismatique auteure-compositeure-interprète et ses pièces pop, qui flirtent avec l’électro autant qu’avec le rock.

En fin de soirée, la groovy formation Valaire vous fera danser avec ses rythmes funk, soul et électro.

Le 9 décembre, si ce n’est déjà fait, découvrez la jeune artiste Désirée, que plusieurs ont connue lors de sa participation à La Voix. L’an prochain, elle lancera son premier album. D’ici là, elle livrera au public montréalais un amalgame de reprises et de pièces originales, chantées de sa voix un peu rauque, reconnaissable d’entre toutes.

Les amateurs de poésie ne seront pas en reste! En effet, le festival a programmé trois soirées réunissant sur scène des dizaines d’artistes, les 6, 16 et 20 décembre. S’ajoute à ces spectacles la performance de la reine du spoken word, Queen KA, le 13 décembre.

Le 15 décembre, c’est l’incontournable Louis-Jean Cormier qui sera sur les planches de l’événement, seul avec sa guitare. Attention coup de cœur!

Le lendemain, le 16 décembre, vous nous croiserez assurément au concert de KROY, la moitié du duo Milk & Bone. Son album Scavenger, qui joue en boucle dans nos écouteurs depuis sa sortie, l’an dernier, offre une électro pop planante aux arrangements riches, qui rappelle par moments Portishead ou Massive Attack.

Le même soir, faites le plein de hip-hop! D’abord, avec la performance du D.J. et auteur-compositeur-interprète Shash’U, qui a notamment collaboré avec Rihanna, Chromeo et Kaytranada. Le Montréalais s’est fait connaître de plusieurs mélomanes grâce à son association, il y a quelques années, au mouvement électro-hip-hop Piu Piu. Il sera suivi sur scène par Lary Kidd, anciennement de la formation Loud Lary Ajust, dont le premier album solo a ravi critiques et public. Sur des rythmes lourds, le rappeur s’exprime sur le succès, la mode et les clichés qu’on associe à la scène hip-hop.

Si vous avez envie de décorer votre salon pour les Fêtes avec un sapin naturel, sachez que vous pourrez vous en procurer un dans l’un des trois parcs où sera présenté le festival, ainsi que sur son site Internet. Votre achat, en plus d’enjoliver votre demeure, aidera grandement au financement de l’événement.

Le site Web officiel de Noël dans le parc, pour acheter un sapin ou pour toutes les infos : noeldansleparc.com