Articles Tagués ‘Arts visuels’

Texte et photos : Karine Tessier

Photo : David Wong.

Rares sont les projets qui fusionnent les domaines de l’art et de la santé. Présenté à Tangente, dans l’Édifice Wilder, l’événement multidisciplinaire Les Jeux du crépuscule, dont la création et la direction artistique sont signées Ariane Boulet, se veut une réflexion aussi intime que grandiose sur notre rapport au vieillissement et à la maladie. En plaçant la danse au service de l’humain, l’artiste nous invite à explorer ces passages obligés de l’existence, pour les adoucir et, peut-être, les réinventer.

Une œuvre chorégraphique d’abord, mais également une exposition, des ateliers de coprésence, des discussions, un recueil de poèmes. Un bouquet d’activités, que le public peut découvrir en tout ou en partie et pendant lesquelles il est parfois invité à participer.

Photo : David Wong.

Le spectacle est le résultat de huit années de visites dans plus d’une vingtaine de CHSLD, avec le projet Mouvement de passage. Ariane Boulet et ses acolytes y ont côtoyé des dizaines de personnes âgées en perte d’autonomie ou en fin de vie, insufflant dans leur quotidien souvent difficile un brin de magie. Ils ont égayé les chambres, les espaces communs et même les couloirs des établissements de soin et ont permis aux aînés de s’exprimer, d’interagir, de stimuler leur créativité, de se raconter à travers les gestes et la musique, sans même prononcer un mot. Les résidents ont tissé des relations avec l’autre, un défi immense, dont la réalisation est facilitée par l’intervention de l’art.

Ce sont toutes ces expériences, à la fois banales et hors du commun, douloureuses et légères, tragiques et hilarantes, qui nous sont racontées par les talentueux interprètes des Jeux du crépuscule. Des souvenirs physiques, sensoriels et émotifs, témoins de transformations personnelles résultant du vieillissement et de la maladie. Une dame qui offre à une danseuse une visite guidée de sa chambre, comme si la pièce exiguë tenait davantage d’un majestueux château. Une résidente à l’âme séductrice qui caresse sensuellement le bras d’un artiste, l’œil coquin. Un vieillard malentendant qui « écoute » la mélodie en ressentant les vibrations qui émanent du sol. Une femme atteinte de démence qui, chaque jour, « attend l’autobus » devant la porte de l’ascenseur.

Il émane de l’œuvre d’Ariane Boulet une bienveillance et une tendresse touchantes, un profond respect pour les aînés rencontrés et leurs vies si riches. Sans taire la souffrance,  la créatrice et ses complices proposent au public de focaliser sur l’apport des personnes âgées à notre société, leur générosité, leur humour, leurs 1 000 histoires. Le groupe nous assure qu’il y a, dans les CHSLD, lieux où les conditions de vie et de travail sont parfois pénibles, un « potentiel de party à chaque coin de couloir ».

Photo : David Wong.

Cette sensibilité à fleur de peau, couplée à des habiletés techniques certaines, fait d’Audrey Bergeron, Lucy M. May, Isabelle Poirier, David Rancourt, Georges-Nicolas Tremblay et Julie Tymchuk de grands interprètes. Charismatiques, ils nous offrent un récit qu’on savoure doucement et qui nous fait tantôt rire à gorge déployée, tantôt s’essuyer une larme furtive sur la joue. Si la chorégraphie nous émeut autant, c’est aussi parce qu’elle nous confronte à notre propre fragilité, au caractère inéluctable de la maladie et de la mort.

Photo : David Wong.

Pour accompagner les mouvements fascinants des danseurs, la voix et les mélodies sublimes de Marie Vallée, qui signe la direction musicale, la composition et l’interprétation de la bande sonore des Jeux du crépuscule. La performance de l’artiste sur et aux abords de la scène, plutôt que l’utilisation de pistes préenregistrées, ajoute à l’ensemble une intensité captivante.

On quitte la salle chaviré, avec en main un petit poème d’Ouanessa Younsi, autrice et psychiatre, ainsi qu’une semence de fleur de calendule, symbole du cycle de la vie. De petites attentions qui permettront à l’œuvre d’Ariane Boulet de nous accompagner encore plus longtemps dans le temps.

Bande-annonce ici.

Pour toutes les infos, c’est ici.

Atelier : Rencontre avec la technologie de la présence.

Juste avant la représentation, on a eu le privilège d’assister à une des activités inspirées par les recherches des scientifiques Stefanie Blain-Moraes et Naila Kuhlmann. Un petit capteur attaché à notre doigt, pour enregistrer les données de notre système nerveux, on s’est laissé guider par les directives de l’animateur Marco Pronovost. Après quelques profondes respirations, on a été invité à explorer et développer une connexion avec un autre participant à l’atelier, en improvisant des mouvements. Puis, les chercheuses ont analysé les chiffres recueillis, en plus de nous en dire davantage sur leurs travaux. Passionnantes, leurs études ont notamment permis d’observer chez des patients atteints de démence des réactions physiques à l’autre, comme si le corps conservait des souvenirs de rencontres passées que l’esprit a oubliées.

Pour en apprendre plus, c’est ici.

Exposition de Marie-Hélène Bellavance

Lors de ses ateliers créatifs donnés en CHSLD, l’artiste visuelle propose aux résidents et à leurs proches aidants de fabriquer de petites maisons à souvenirs, remplies de fragments de leur histoire personnelle. Avec ce projet intitulé La Maison que j’habite, moi, elle aide les aînés, souvent isolés, déracinés, encore davantage pendant la pandémie de COVID-19, à prendre conscience que leur maison est avant tout à l’intérieur d’eux-mêmes et qu’il est toujours possible de s’y réfugier. Dans l’exposition présentée en accompagnement aux Jeux du crépuscule d’Ariane Boulet, Marie-Hélène Bellavance propose au public les créations des personnes âgées avec qui elle a travaillé, mais aussi ses propres peintures et installations, délicates et précieuses, qui reprennent les thèmes qui l’inspirent depuis ses débuts, soit la vie, la mort, la transformation et la résilience.

L’événement artistique Les Jeux du crépuscule d’Ariane Boulet a été présenté du 28 avril au 1er mai 2022 à Tangente, à l’Édifice Wilder, à Montréal.

Texte : Karine Tessier

Après avoir été projeté en première mondiale au dernier Festival international du film sur l’art à Montréal, le documentaire Libre d’Hélène Bélanger-Martin sort en salles au Québec. Dans ce neuvième film, la cinéaste suit pendant un an le sculpteur et peintre André Desjardins dans la réalisation d’une œuvre colossale. Un moyen métrage intimiste, qui révèle toute la beauté de la création et des liens humains tissés grâce à elle.

Libre, c’est également le nom d’un personnage sculpté par André Desjardins, un être, comme l’explique son créateur, ancré dans le moment présent. Un an après la naissance de cet homme de bronze aux traits sereins, l’artiste décide d’en faire une version monumentale, de deux fois la taille d’une personne, un format qui révèlera encore davantage la puissance tranquille de l’œuvre. Il se donne un an pour accomplir sa besogne.

C’est cette aventure artistique, mais aussi humaine qui est illustrée par le film d’Hélène Bélanger-Martin. Un processus qui n’est pas dépourvu de rationalité, découpé en de multiples étapes, toutes cruciales et nécessitant une patience sans faille. De la numérisation des croquis à l’installation sur les berges du lac Memphrémagog, en passant par l’impression en 3D d’une armature et la correction d’erreurs de proportions, chaque instant fascine.

Les scènes dans lesquelles André Desjardins réfléchit, scrute, façonne, polit, retouche son personnage sont magnifiques dans leur simplicité. Dépouillées de tout artifice, ces séquences sont entrecoupées de plans de la nature québécoise dans ce qu’elle a de plus beau à offrir. Quelques mélodies minimalistes signées Nicolas Marquis se greffent à l’ensemble et ajoutent à l’état méditatif dans lequel nous plonge Libre.

On ne peut qu’être impressionné par le talent de l’artiste, un sculpteur et peintre autodidacte, passionné depuis l’enfance par la construction, le design et l’art. On est tout autant touché par ses souvenirs de jeunesse, souvent heureux, mais parfois tragiques, et les confidences d’un de ses plus fidèles amis et de collectionneurs dévoués.

Pas étonnant qu’Hélène Bélanger-Martin ait su aussi bien nous présenter l’artiste et l’homme qu’est André Desjardins. D’abord, il est son conjoint depuis de nombreuses années. Ils se connaissent par cœur. Mais la cinéaste est également une passionnée d’art, tellement qu’elle a ouvert la Galerie Roccia, à Magog, il y a maintenant plus de 10 ans. Son amour indéfectible pour la création visuelle se remarque tout autant dans sa filmographie, dans laquelle on retrouve de multiples courts métrages documentaires consacrés aux artistes et à leurs méthodes de travail.

Pour André Desjardins, créer, c’est le bonheur. On ne pourrait être plus d’accord. En assistant à la naissance de son œuvre plus grande que nature dans Libre, on se sent privilégié, ému, avec un désir renouvelé de découvrir le travail de nos artistes québécois.

Libre d’Hélène Bélanger-Martin est présenté du 13 au 19 avril à la Cinémathèque québécoise de Montréal, puis en tournée partout dans la Belle Province. Pour les dates, on consulte le site d’André Desjardins ici.

Pour voir la bande-annonce du documentaire, c’est ici.

Pour visionner gratuitement certains des films d’Hélène Bélanger-Martin, notamment Émotionnisme et Devenir, qui mettent aussi en vedette André Desjardins, c’est ici.

Pour en savoir plus sur la Galerie Roccia, c’est ici.

Texte : Karine Tessier

Photo : Amber Dawn Bellemare.

Des miroirs. Une série de photographies dissimulées sous un foulard. Une tringle à laquelle sont suspendus des sous-vêtements de dentelle. Des rideaux de mousseline immaculés. Mais, surtout, des centaines d’égoportraits disposés sur un immense mur blanc. Bienvenue dans le boudoir de Amber Dawn Bellemare, lieu de présentation de son exposition/performance The Parlour Project : Spider, Fly, and Web, à laquelle se grefferont un livre et un documentaire.

L’œuvre immersive de la Montréalaise, à la fois provocante et sensible, illustre la réalité vécue par l’artiste en tant qu’ex-travailleuse du sexe, utilisant les contributions de ses clients pour financer ses créations. Amber Dawn Bellemare y explore les multiples facettes de la femme, réfléchit sur la marchandisation de son corps, le pouvoir, les normes sociales ou les médias sociaux. Encore davantage, elle souhaite raconter le plus vieux métier du monde en allant au-delà de la superficialité, des préjugés, de la honte. Rencontre avec une artiste pour qui rien n’est tout noir ou tout blanc.

Comment vous est venue l’idée de départ de cette exposition/performance?

Je ne pourrais pas dire qu’elle est venue d’une seule chose. Comme je réalise des documentaires, c’est cette partie du projet qui m’a d’abord intéressée. Les égoportraits, pris avant et après chacun de mes rendez-vous avec mes clients, et parfois pendant, n’étaient que pour moi. Lorsque je les montrais à mes amis proches, chacun avait quelque chose de différent à dire. C’était le point de départ de multiples conversations.

Ça m’a fait réaliser à quel point ces photographies – il y en a plus de 1 800 – étaient pleines de sens, mettaient au défi les gens. C’est une opportunité d’aller au-delà de l’image, de vraiment voir la personne qui se cache derrière. On y voit la beauté de la vérité, et c’est ce que je voulais exprimer avec ces portraits de moi.

Photo : Amber Dawn Bellemare.

Quelle réaction vous souhaitez susciter auprès du public qui visitera votre studio?

Je souhaite qu’ils voient quelque chose en eux qui les aidera à adoucir leur cœur, à s’élever. Toutefois, si les gens ne voient dans mon œuvre qu’un objet sexy qui les allume, je ne les jugerai pas. Ce sera suffisant. Ça suscitera d’autres types de conversations.

J’espère créer un moment d’intimité avec le public, connecter avec lui. Il y a plusieurs niveaux à cette interaction. Les gens qui viendront visiter mon boudoir, ils s’offriront, en quelque chose, et j’en suis pleine de gratitude. Ensuite, il y a la connexion, l’espace où nous pourrons nous rejoindre.

Comment s’est passée votre collaboration avec Sharon Bass, artiste, aînée et mentor Anishinaabe, White Thunderbird Woman?

Lorsque nous nous sommes rencontrées à Vancouver, nous avons immédiatement connecté. Elle dirigeait un cercle de guérison. Et elle m’a prise sous son aile. Elle m’a enseigné qu’on doit cultiver qui nous sommes vraiment. L’identité, c’est l’histoire de notre vie.

Sharon m’a guidée dans le processus créatif, qui permet l’exploration de notre identité et la guérison de l’âme. J’ai voulu créer un espace sécuritaire, avec des rituels spécifiques, pour réfléchir et partager. Parce qu’il est nécessaire d’apaiser les deux parties pour arriver à un dialogue ouvert et sincère, puis à une réconciliation.

Comment The Parlour Project vous a-t-il changée?

Je ne me sens plus vulnérable, désormais. Il m’a permis de me libérer à l’aide de la vérité. Ç’a été une guérison pour moi. Et j’ai aussi pu assister à la guérison d’autres personnes, dans le processus. Me présenter en tant qu’artiste, plutôt que comme travailleuse du sexe, ça ouvre des canaux de communication, notamment avec ma famille. Les gens ont accepté ma démarche. Et c’est très apaisant, thérapeutique, de se défaire de la honte ou du jugement.

Vous dépeignez le travail du sexe d’une manière inédite, qui va au-delà du traumatisme, qui a même certains aspects positifs.

Beaucoup de travailleuses du sexe se décriraient comme thérapeutes. Le sexe est souvent utilisé comme un remède. Bien sûr, je ne parle pas pour toutes. Mais, d’une certaine manière, comme c’est le cas avec le reiki, la massothérapie, la psychologie, nous connectons avec les gens qui nous paient.

Le traumatisme peut être incroyable! Il s’agit d’une opportunité de grandir, de développer une plus grande compassion pour l’être humain. Je choisis de voir le beau dans l’être humain.

 

L’exposition/performance The Parlour Project : Spider, Fly, and Web de Amber Dawn Bellemare est présentée du 19 au 28 septembre au studio du Wolf Lab, un collectif montréalais de femmes artistes.

Pour toutes les informations : www.theparlourproject.com

Texte : Karine Tessier

The Butterfly Effect, de Mirov. Photo : artch.org

Du 27 au 30 septembre, si vous passez par le Square Dorchester, vous aurez la surprise d’y trouver plus de 150 œuvres d’art contemporain, disposées dans des arches blanches. Des peintures, photographies, sculptures, impressions textiles et meubles créés par 21 artistes émergents, dans le cadre de la première édition du projet Artch. Fragments Urbains est allé faire un tour sur les lieux, alors qu’on s’affairait au montage de cette exposition d’envergure.

Chimère, de Richelli. Photo : artch.org

L’initiative, née d’une collaboration entre Art souterrain, Carrefour jeunesse-emploi Montréal Centre-Ville et JACK Marketing, vise à faire découvrir des créateurs prometteurs au public autant qu’au marché de l’art. Ces jeunes ont été sélectionnés par un jury au printemps dernier, puis ont reçu une bourse de 1 000 dollars, ainsi qu’une formation d’une cinquantaine d’heures. Ils ont pu approfondir leurs connaissances sur la gestion financière, les droits d’auteur, le réseautage, la scénographie. L’événement qui se déroule cette semaine, en plein cœur du centre-ville de la métropole, c’est la dernière étape du projet Artch.

Femme paisible, de Kevin Calixte. Photo : artch.org

« J’ai déjà fait des expositions dans des cafés ou de petites galeries privées. Mais un événement grand public, touchant autant de personnes, c’est la première fois, confie Geneviève Bilodeau-Blain. Avoir la reconnaissance d’un jury aussi prestigieux, c’est vraiment super. C’est un beau projet inclusif, même pour ceux qui, comme moi, sont autodidactes. »

« Je me souviens de la phrase d’un galeriste : « Si je prends un artiste sous mon aile, c’est comme si je me mariais avec. » Ça permet de comprendre pourquoi c’est dur d’entrer dans les galeries. Artch permet d’avoir une belle visibilité, de se faire connaître du grand public, mais également du marché de l’art », explique Thierry du Bois.

Diffractions glorieuses, de Maude Corriveau. Photo : artch.org

Pour épauler ces 21 jeunes créateurs, des ambassadeurs, comme Claudine Prévost, Francisco Randez, Anaïs Favron et Marie-France Bazzo. Et aussi une porte-parole, Geneviève Borne. « J’adore la jeunesse! J’adore encourager, donner un coup de main. J’ai été vraiment charmée par les œuvres de ces jeunes artistes là. Et j’ai été charmée par le programme, en fait, qui leur donne accès à un lieu très, très passant du centre-ville de Montréal. »

L’exposition Artch, c’est également l’occasion idéale de s’initier à l’art contemporain, qu’on souhaite ici démocratiser. Des ateliers gratuits sont d’ailleurs offerts au public. Et, sur le site du Square Dorchester, des guides seront présents pour orienter les visiteurs et leur faire découvrir leurs coups de cœur.

Crumbling Love, de Chloé Larivière. Photo : artch.org

« L’art contemporain, c’est tellement large. Le public ne sera pas forcément touché par tel art, mais il le sera par un autre. Et je pense que chacun peut trouver un petit peu un point d’accroche », affirme Thierry du Bois. Le photographe présentera notamment au public son projet Monster. « Ce sont des têtes de tracteurs, qui représentent un peu le visage des travailleurs des temps modernes. Les nouvelles technologies ont complètement transformé le paysage dans lequel on est. »

Monster, de Thierry du Bois. Photo : artch.org

De son côté, Geneviève Bilodeau-Blain propose aux visiteurs des collages colorés. « Je joue avec le microscopique, le macroscopique. Je mélange l’abstraction avec ce que je pense être du moléculaire, comme toutes les dynamiques internes. C’est un peu un clin d’œil à ma formation universitaire en biologie. »

Balançoire, de Geneviève Bilodeau-Blain. Photo : artch.org

Amoureuse de l’art contemporain, la porte-parole Geneviève Borne lance une invitation enthousiaste au public. « Ça nourrit l’âme de contempler de l’art. C’est ludique! C’est inspirant! Ce que je souhaite aux jeunes artistes, c’est de vendre des œuvres au public, d’être découverts par des collectionneurs ou des galeries d’art. C’est comme ça, parfois, qu’une carrière est lancée. »

Buffet galbé, de Douglas Mackay. Photo : artch.org

L’exposition Artch est présentée du 27 au 30 septembre 2018 au Square Dorchester, à Montréal.

Pour toutes les informations : artch.org

Texte : Karine Tessier

Visuels créés par les artistes Pénélope et Chloë.

Du 25 mai au 3 juin, à Montréal, les murs s’abattent. Entre les différentes disciplines artistiques. Entre ceux qui foulent les planches et le public. Mais aussi dans les profondeurs insondables de notre imaginaire. À OFFTA, festival d’arts vivants, on laisse à une cinquantaine d’artistes du théâtre, de la danse et de la performance tout l’espace nécessaire pour créer. Pour cette 12e édition, ils s’interrogent sur les frontières, un thème aussi rassembleur que polarisant. Morceaux choisis d’une programmation débridée, qui fait la part belle à l’hybridité.

Danse Mutante, c’est le relai chorégraphique imaginé par l’incontournable Mélanie Demers et sa compagnie MAYDAY. Prenant racine dans la métropole, la création poursuivra sa route à New York, Bamako, Anvers/Rotterdam, avant de se poser à nouveau à Montréal, à l’automne 2019, à l’occasion d’un événement-marathon. On savourera chaque mouvement esquissé par Francis Ducharme et Riley Sims, sur des mélodies de Mykalle Bielinski.

Si vous êtes charmé par les rimes et les notes envoûtantes de cette dernière, sachez qu’elle proposera, à OFFTA, son concert immersif Mythe, où s’entrelacent chant polyphonique, poésie orale et improvisation. La communion de six femmes, qui chanteront leur rapport au temps, à l’autre, à elles-mêmes.

À mille lieues de l’univers éthéré de Mykalle Bielinski, MAC(DEATH), de Jocelyn Pelletier. Sur scène, l’œuvre de Shakespeare prend des airs de concert métal. L’artiste fait un doigt d’honneur aux codes traditionnels, désireux de faire résonner les classiques ici et maintenant.

Il y a 70 ans, ce sont les signataires du manifeste Refus global qui se questionnaient sur les contraintes sociales. Leur percutant texte trouve-t-il encore écho auprès des Québécois, des décennies après sa parution? L’exposition Refus Contraire, à laquelle une vingtaine d’artistes et d’intellectuels ont contribué, se penche sur la question. À voir à la Galerie de l’UQAM, du 16 mai au 16 juin.

Vous vous passionnez pour l’envers du décor? Tendez l’oreille à la quotidienne OFF.Radio, qui proposera, tout au long du festival, des panels et des performances en lien avec sa programmation. Les émissions, enregistrées au Monument-National, seront disponibles sur les différentes plateformes de l’événement. Parmi les thèmes abordés : la notion de frontière dans le processus de création, la mémoire collective, les arts du cirque.

Pour son œuvre performative et expérimentale Nous serons universel.le.s, Kamissa Ma Koïta s’est nourrie autant des approches féministes, des mouvements altermondialistes et queer, que de la culture populaire. Une expérience immersive, où vous vous interrogerez sur les notions de privilèges sociaux.

L’une des six résidences de création présentées lors de cette 12e édition d’OFFTA, le projet Après la rue, de Mireille Camier et Ricard Soller i Mallol, juxtapose les récits de quatre artistes qui ont vécu de l’intérieur un mouvement de contestation populaire d’importance : la révolution verte à Téhéran en 2009, la révolution du jasmin à Tunis en 2011, les indignés à Barcelone en 2011, ainsi que le printemps érable à Montréal en 2012.

Aalaapi ᐋᓛᐱ, c’est un laboratoire conçu à partir d’un documentaire radiophonique, fruit d’une collaboration entre Québécois et Innus, qui donne la parole à des jeunes de 20 à 32 ans, qui se confient sur leurs passions, leurs peurs, leurs doutes.

Finalement, un rendez-vous incontournable de ce festival d’arts vivants, le MixOFF – Frontières & Boundaries, le résultat de plusieurs semaines de rencontres entre artistes et chercheurs, qui ont réfléchi ensemble sur le thème des frontières.

Pour tout savoir sur la programmation : offta.com

Texte : Catherine Gignac

Spectaculaires, colorées, fantasmagoriques, elles frappent l’imagination. Dans les années 1880 à 1930, elles sont placardées sur les murs de toutes les grandes villes.

Les affiches publicitaires de l’âge d’or de la magie ensorcellent le regard par leurs couleurs, leur beauté, leur folie. Une attirance toute naturelle que l’être humain entretient depuis toujours envers le mystère et l’inconnu. Inspirées des arts du théâtre et du cirque, ces annonces mettent en scène Houdini, Thurston, Carter et d’autres grands magiciens. Cent ans plus tard, elles continuent de captiver l’œil moderne et sont désormais considérées comme des œuvres d’art.

Le Musée McCord vous invite à découvrir ces affiches issues de l’âge d’or de la magie à travers son exposition Illusions – L’Art de la magie, présentée jusqu’au 7 janvier 2018. Ces publicités géantes proviennent de la collection Allan Slaight, l’une des plus vastes au monde sur le thème de la magie. Une centaine d’œuvres sont exposées, dont des affiches, des documents, des livres rares et certains objets ayant appartenu à des magiciens de renom. Les véritables menottes utilisées par Houdini lors de ses spectacles pourront d’ailleurs être contemplées par le public.

Dans cette immersion au cœur de la magie, le visiteur est invité à déambuler à travers cinq pièces. Chacune d’entre elles présente un type d’illusion différent : apparition et disparition, décapitation, lévitation, évasion et mentalisme. À travers chacun de ces types d’illusion, les thèmes du spiritualisme, de l’orientalisme et de la transmission du savoir sont explorés.

On s’interroge également sur le rôle de la femme dans le monde de la magie. Plus souvent qu’autrement, elle sert d’assistante au magicien; c’est elle que l’on décapite, que l’on scie en deux. On lui attribue toutefois des pouvoirs divinatoires, et certaines magiciennes parviennent à se démarquer dans l’univers du mentalisme.

Assemblage de miroirs, château de cartes géant, ambiance sonore mystérieuse, extraits cinématographiques : tout y est pour créer une atmosphère sensorielle des plus captivantes. Au début du parcours, la technique d’apparition et de disparition, aussi connue sous le nom de « fantôme de Pepper », est dévoilée d’emblée. Ne serait-ce que pour enfin comprendre ce tour utilisé par tant de grands magiciens, une visite au Musée McCord s’impose.

L’exposition Illusions – L’Art de la magie est présentée au Musée McCord de Montréal du 26 mai 2017 au 7 janvier 2018 et s’adresse à tous les groupes d’âge. À compter de l’automne, des ateliers, des conférences et des activités éducatives seront organisés.

Pour toutes les informations sur l’exposition : www.musee-mccord.qc.ca/fr/expositions/magie

CRITIQUE DE LA PIÈCE LES LAISSÉS POUR CONTES, D’UN COLLECTIF D’AUTEURS, MISE EN SCÈNE PAR VALÉRIE LE MAIRE

Texte : Karine Tessier

Des histoires qui auraient pu nous arriver, à vous comme à moi. Des gens ordinaires, qui deviennent chacun à leur façon des héros extraordinaires. Des personnages qui prennent leur courage à deux mains pour s’affirmer, exiger le respect, confier leurs regrets, défricher des terrains jusqu’ici inexplorés au fond d’eux-mêmes, dénoncer des événements tragiques.

Le courage, c’est le thème de la cinquième édition des Laissés pour contes, une pièce présentée du 16 au 27 mai 2017 aux Ateliers Jean-Brillant, dans le quartier Saint-Henri, à Montréal. Suite à un appel de textes, sept contes urbains ont été sélectionnés et sont joués devant public dans un spectacle déambulatoire. La mise en scène de Valérie Le Maire privilégie la proximité entre l’assistance et les acteurs. Le public, séparé en petits groupes, visite les « ruelles des contes », dans lesquelles se retrouvent sept univers multisensoriels. Le sculpteur Jean Brillant signe la scénographie de l’œuvre, élaborée à partir de sa collection de sculptures, faites de matériaux naturels et industriels.

Le comédien David Bélanger, dans le conte « Madeleine », de Marianne Moisan. Photo : Thomas L. Archambault.

Dans Madeleine, de Marianne Moisan, un jeune homme (David Bélanger), nous raconte l’histoire de Madeleine, une cliente régulière au dépanneur où il bosse. Une femme qui rêvait de faire fortune. Entre une bouchée de croustilles et une rasade de boisson gazeuse, le jeune spécule sur ce qui a bien pu arriver à Madeleine, qui s’est mystérieusement mise à changer. Aurait-elle finalement remporté le gros lot? Un conte sur la foi, mais également la peur du changement, qui nous fait prendre conscience que c’est souvent le fait même de rêver qui nous rend heureux, et non la réalisation de nos souhaits les plus fous.

La comédienne Tania Kontoyanni dans le conte « Bleu Néon », de Pierre-Marc Drouin. Photo : Thomas L. Archambault.

La création de Pierre-Marc Drouin, Bleu néon, met en vedette Tania Kontoyanni (magnifique, avec une performance toute en subtilité). Ce soir, Laurence a un rancard avec un homme qui lui plaît beaucoup. Mais elle hésite. Avant de sortir, elle nous raconte la soirée de son anniversaire, il y a trois ans, alors qu’elle attendait une amie en sirotant un cocktail dans un bar miteux. Et sa rencontre, fulgurante, avec un bel et sombre inconnu. Si la soirée a d’abord pris des airs de flirt sensuel, elle s’est terminée dans l’horreur. Laurence a été violée. Une expérience traumatisante et humiliante qui l’a brisée. Un conte bien d’actualité, alors que les initiatives pour dénoncer la culture du viol et expliquer le consentement sexuel se multiplient au Québec, mais aussi à l’étranger.

La comédienne Carmen Sylvestre, dans le conte « Un temps avant la nuit », de Pierre Chamberland. Photo : Thomas L. Archambault.

Un de nos coups de cœur de la soirée : la merveilleuse Carmen Sylvestre, dans Un temps avant la nuit, de Pierre Chamberland. Dans le rôle de Marguerite, une vieille dame « parkée » dans un CHSLD par un de ses fils, la comédienne est infiniment touchante. Assise dans un fauteuil roulant suspendu à de lourdes chaînes, la femme révèle des parcelles de sa vie : son mariage avec son beau Marcel, la naissance de ses deux enfants, ses vacances au bord de l’eau. Des souvenirs doux qui contrastent avec les conditions navrantes dans lesquelles elle survit. Une prise de conscience implacable sur la perte de la dignité des aînés, dans une société où règnent en maîtres la performance et la productivité.

La comédienne Andréanne Théberge, dans le conte « Lucie-aux-phobies », de Marie-Ève Charbonneau. Photo : Thomas L. Archambault.

Lucie travaille dans un bureau. Elle a peur des autres. Quand sa psychologue lui suggère de sortir de sa zone de confort, la jeune femme se dit que le party de bureau de la période des Fêtes est l’occasion idéale pour commencer à déployer ses ailes. La soirée ne se déroulera pas tout à fait comme prévu. Après un dur réveil dans les toilettes de l’entreprise, la mine déconfite et la tête dans le brouillard, Lucie reprendra le contrôle de sa vie. Dans Lucie-aux-phobies, de Marie-Ève Charbonneau, la charmante Andréanne Théberge incarne une fille parfaite dans son imperfection, et surtout hyper attachante. Entourée d’une cinquantaine de classeurs métalliques rouillés, éclairés de l’intérieur, Lucie raconte ses petits et grands malheurs, mais non sans une bonne dose d’humour.

Le comédien Maxim Gaudette dans le conte « Christine », de Jean B. Couvrette. Photo : Thomas L. Archambault.

Dans une petite pièce remplie de casiers, qui évoque un vestiaire sportif, arrive un jeune homme (Maxim Gaudette), qui s’excuse de son retard. C’est qu’il a rencontré Christine, son amour de jeunesse, celle qui faisait battre son cœur quand il avait six ans. Puis, d’autres souvenirs déboulent. Les moments passés avec ses camarades de hockey à l’aréna. Ou dans la voiture, avec l’entraîneur. Tout jeune, il sentait bien que quelque chose ne tournait pas rond dans la vie de son ami. Les années ont passé, et il a compris. En dévoilant des secrets enfouis depuis trop longtemps, le personnage de Christine, de Jean B. Couvrette, se confie sur sa culpabilité, ses regrets de n’avoir pas fait davantage pour sauver son coéquipier des griffes de son agresseur. Un texte qui sert à merveille Maxim Gaudette, un acteur intense qu’on ne se lasse pas de voir au petit écran, au cinéma ou sur les planches.

La comédienne Véronique Pascal dans le conte « Mémoires », de Marie-Pascale Picard. Photo : Thomas L. Archambault.

Mémoires, de Marie-Pascale Picard, est un cri du cœur pour que la société accorde la dignité et le respect auxquels ont droit les membres des Premières Nations, dont plusieurs subissent, encore aujourd’hui, les conséquences des horreurs vécues dans les pensionnats autochtones. Une jeune métisse raconte la disparition de sa mère et les tentatives de sa grand-mère pour la retrouver dans les rues de la métropole. La comédienne Véronique Pascal livre son texte, cru et nécessaire, appuyée à La Fleur de macadam, une sculpture imposante, taillée dans l’acier et la pierre. Une création qui fait écho à la force de ces femmes, à leur résilience à toute épreuve.

La comédienne Ève Pressault dans le conte « Un pick-up pour quekpart », de Maryse Latendresse. Photo : Thomas L. Archambault.

Pour clore le spectacle, un conte plus léger, bien qu’il aborde la question du deuil d’un parent. Un pick-up pour quekpart, de Maryse Latendresse, c’est l’histoire d’un adolescent et de ses deux petites sœurs, qui, un soir, empruntent en secret le camion de leur beau-père pour se rendre à Montréal. Un road trip nocturne pour voir les feux d’artifice, sorte de signe que leur père disparu est toujours là, avec eux. Un joli texte interprété par la comédienne Ève Pressault.

Vous n’avez pu assister à l’une des représentations des Laissés pour contes cette année? Vous pouvez toujours faire la lecture des sept histoires en vous procurant le recueil sur le site de Coïncidences Productions.

www.coincidencesproductions.com/leslaissespourcontes.com

 

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Texte : Karine Tessier

« Flower 5 », de la série Specimen, de Zachari Logan (2016).

Du 21 au 23 avril, l’Arsenal, Art contemporain, à Montréal, sera pris d’assaut par les amateurs d’art, collectionneurs, professionnels et les curieux dans le cadre de la 10e édition de Papier, la plus grande foire d’art contemporain au Québec. L’occasion idéale de découvrir le travail de 300 artistes, représentés par 39 galeries canadiennes, de débuter ou d’enrichir sa collection personnelle, et d’assister à des visites guidées et tables rondes.

À l’approche de cet événement festif, Fragments Urbains a posé quelques questions à trois galeristes de la métropole, pour en apprendre plus sur leur métier et avoir un avant-goût de ce qu’ils présenteront au public lors de Papier 17.

« Fusillade d’ivoire », de Laurence Vallières (2016).

Galerie Station 16

Entrevue avec Amanda Brownridge, directrice des communications et historienne d’art.

Depuis quand Galerie Station 16 participe-t-elle à la foire Papier?

Normalement, pour participer à des foires, une galerie doit exister depuis quelques années. Nous sommes présents à l’événement depuis deux ans, maintenant.

L’impact de Papier est-il facilement perceptible sur les affaires de votre galerie?

La foire permet de rejoindre un public différent de celui qu’on attire généralement. Elle nous permet d’exposer et d’être vus par des collectionneurs autant montréalais que du reste du Canada.

Pour beaucoup de visiteurs, c’est la première fois qu’ils entendent parler de notre travail. Certaines personnes sont étonnées de nous voir dans un tel événement. C’est un choc pour elles, mais un bon choc! D’ailleurs, l’an dernier, beaucoup de gens sont partis directement de Papier 16, dans le Vieux-Port, pour se rendre voir nos œuvres à la galerie, sur le boulevard Saint-Laurent.

Qu’allez-vous proposer aux amateurs d’art et aux curieux pour l’édition 2017?

Sera présenté le travail d’Alan Ganev (qui expose également à la galerie jusqu’au 6 mai 2017), de Jef Aérosol, de Laurence Vallières, de Mr. Brainwash, de Stikki Peaches et de Whatisadam.

Quelle place occupent les médias sociaux pour une galerie d’art contemporain en 2017?

Puisque nous sommes spécialisés en street art, nous sommes très actifs sur Instagram. Je suis toujours fascinée par le nombre de clients qu’on peut y trouver. Je dirais même qu’on entre dans une époque de post-street art, puisqu’il n’est même plus nécessaire de se déplacer pour admirer des œuvres! On peut le faire entièrement en surfant sur Internet!

Beaucoup de nos ventes se font aux États-Unis et en Europe, par le biais du Web. Nous utilisons même Facebook Live pour que nos fans à l’étranger puissent assister, à distance, à nos vernissages.

Galerie Station 16, fondée en 2008, est une galerie d’art urbain, présentant des œuvres influencées par la culture pop, le graffiti et le street art.

www.station16gallery.com

« Sans titre », de la série Hors-piste, de Normand Rajotte (2015).

Galerie Trois Points

Entrevue avec Marie-Christine Dubé, directrice adjointe.

Depuis quand la Galerie Trois Points participe-t-elle à la foire Papier?

Depuis la toute première édition. En 2007, le marché local a vécu un gros questionnement. On s’est demandé comment aller chercher de la visibilité et une nouvelle clientèle. Pour l’Association des galeries d’art contemporain (AGAC), qui organise Papier, c’était un passage obligé pour Montréal et le milieu des arts visuels d’avoir leur propre foire d’art contemporain. Les grands pôles tiennent toujours ce genre d’événement incontournable.

L’impact de Papier est-il facilement perceptible sur les affaires de votre galerie?

Pour la Galerie Trois Points, la meilleure année a été 2016, en termes de chiffre de ventes. Près de 50 % des gens qui ont acquis de nos œuvres à la foire étaient de nouveaux clients.

Évidemment, c’est une foire commerciale. Les galeries y sont présentes pour vendre. Mais les transactions sont effectuées de façon plus décontractée, plus accessible. On peut y rejoindre un plus vaste auditoire, discuter avec les visiteurs. Souvent, les artistes y sont aussi présents.

Tout ça permet de briser cette espèce de facteur intimidant, qui peut empêcher certaines personnes de pousser les portes des galeries le reste de l’année. C’est une préoccupation de plus en plus pour les galeries, plus que les œuvres elles-mêmes et leur prix.

Qu’allez-vous proposer aux amateurs d’art et aux curieux pour l’édition 2017?

Les artistes que nous avons sélectionnés cette année sont Elmyna Bouchard, Sylvain Bouthillette, Evergon, Milutin Gubash, Anne-Renée Hotte, Mathieu Lévesque, Natalie Reis et Mario Côté.

Aussi, à chaque édition de Papier, nous essayons d’avoir un invité. Pour nous, c’est important. Une foire, c’est le prétexte idéal pour tester différents marchés. Cette année, il s’agit d’Olivia McGilchrist. D’ailleurs, dès le 6 juin, à la Galerie Trois Points, nous proposerons une exposition duo de Mario Côté et Olivier McGilchrist, à qui nous avons donné carte blanche.

Le comportement des acheteurs lors d’une foire est-il différent de celui de ceux qui visitent une galerie?

Complètement! Souvent, les visiteurs d’une foire ont prévu faire un achat. Ils se font un budget au préalable.

Le modèle des galeries est appelé à évoluer depuis une dizaine d’années. On repense les façons de faire les choses, de rejoindre les gens. On est de plus en plus dans l’instantanéité, les médias sociaux. À Papier 16, l’année dernière, nous avons même finalisé quelques transactions par messages textes!

Galerie Trois Points a été fondée en 1988 par trois amoureux des arts… d’où les « trois points ».

galerietroispoints.com

« For Whom You Build », de Mitch Mitchell, (2014 – en cours).

Galerie Robert Poulin

Entrevue avec Robert Poulin, propriétaire et sculpteur de formation.

Depuis quand votre galerie participe-t-elle à la foire Papier?

Nous y sommes depuis 2010. Pour moi, l’événement est essentiel! Il apporte à ma galerie de la visibilité et une nouvelle clientèle. Les gens se rendent de moins en moins dans les galeries. Si on ajoute le prix des loyers, les taxes, les problèmes de circulation, ça devient de plus en plus difficile.

Papier 16, l’an dernier, a été un succès pour nous en termes de ventes. Et le nombre de transactions est croissant d’année en année.

Qu’allez-vous proposer aux amateurs d’art et aux curieux pour l’édition 2017?

Je défends les œuvres que j’aime ou que j’achète personnellement. Les discours, les C.V., je n’y crois absolument pas! Ce qui m’intéresse, c’est le travail de la main.

Le public de Papier 17 pourra découvrir le travail de Daniel Erban, Adrian Williams, Balint Zsako, Marc Leduc, Osvaldo Ramirez-Castillo, Shaun Morin, Nathan Alexis Brown et Henriette Valium.

Galerie Robert Poulin est un espace dédié aux œuvres qui montrent une filiation avec l’art brut, underground, la bande dessinée et l’univers Lowbrow.

galerierobertpoulin.com

« The Goose Wife and Her Children », de Ningeokuluk Teevee (2015).

Papier 17, du 21 au 23 avril 2017 à l’Arsenal, Art contemporain, à Montréal.

Pour toutes les informations : papiermontreal.com

Pour en apprendre plus sur la foire Papier 17, ainsi que sa programmation, c’est ici.

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Texte : Karine Tessier

Papier 16. Photo : Jean-Michael Seminaro.

L’an dernier, 17 000 visiteurs avaient envahi le Hangar 16, dans le Vieux-Port de Montréal, pour visiter la plus importante foire d’art contemporain au Québec, Papier 16. L’événement d’envergure avait alors généré des ventes dépassant le million de dollars.

Papier 16. Photo : Jean-Michael Seminaro.

Ce printemps, du 21 au 23 avril, les amateurs d’art, collectionneurs, professionnels et les curieux se donnent rendez-vous à l’Arsenal, Art contemporain, dans le quartier Griffintown, un ancien chantier naval fondé en 1853, pour découvrir le travail de 300 artistes, représentés par 39 galeries canadiennes.

Papier 16. Photo : Jean-Michael Seminaro.

Papier 17, la 10e édition de cette fête dédiée au médium du papier, ouvre non seulement ses portes gratuitement à tous les intéressés, mais on peut également s’y porter acquéreur d’œuvres à des prix plus accessibles que ce qu’on peut généralement voir à l’intérieur des murs des galeries.

Papier 16. Photo : Jean-Michael Seminaro.

Bien plus qu’un lieu d’exposition et de vente, la foire se veut un lieu d’échange et d’éducation. Des visites guidées y sont offertes tous les jours. À ne pas manquer, les tables rondes, qui seront pour la première fois enregistrées et rediffusées sur les plateformes Web de Papier 17. Les présentations vous aideront à démystifier l’art thérapie, comprendre les enjeux du marché de l’art au Canada, vous feront réfléchir sur l’art numérique et la performance dans les musées, en plus de vous présenter le métier de galeriste.

Papier 17, du 21 au 23 avril 2017 à l’Arsenal, Art contemporain, à Montréal.

Pour toutes les informations : papiermontreal.com

Pour lire nos entrevues avec trois galeristes présents à Papier 17, soit Galerie Station 16, Galerie Trois Points et Galerie Robert Poulin, c’est ici.

Papier 16. Photo : Jean-Michael Seminaro.

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Texte : Karine Tessier

Pour sa neuvième édition, le festival Art souterrain propose aux Montréalais de déambuler dans les sous-sols de la ville autrement. Et si, pendant un mois, on s’attardait dans les couloirs de la métropole, plutôt que de simplement reproduire le cycle métro-boulot-dodo?

Inflatabowl, installation de Laurent Perbos.

C’est ce qu’offre cet événement à grand déploiement, du 4 au 26 mars, dans plus de 15 lieux. Sur ce parcours de six kilomètres, vous pourrez admirer les œuvres de plus de 60 artistes d’ici et d’ailleurs, en plus de participer à des visites guidées, des performances et des conférences.

Diaspora, photos d’Omar Victor Diop.

Le thème de cette année : Jeu et diversion. Depuis toujours, l’humain éprouve le besoin de se détendre, de se divertir. Mais où trace-t-on la ligne entre les activités qui le libèrent et celles qui l’aliènent? Mais, surtout, l’homme et la femme sont-ils maîtres de leur destin?

Ballon LV, installation de Chloé Lefebvre.

À chaque époque, à chaque culture ses propres moyens de combler ce besoin d’évasion. De nos jours, les propositions pullulent : fêtes, jeux vidéo, spectacles, séries télé, sports, Internet… Nous voilà amusés, relaxés. Mais vivrons-nous jamais dans cette société des loisirs que prédisaient les futurologues des années 1960?

Peinture canadienne, installation de Marc-Antoine K. Phaneuf.

Pour alimenter notre réflexion, tout autant qu’insuffler une bonne dose de beauté dans cette fin d’hiver glaciale, des dizaines de photos, de vidéos, de sculptures, d’installations, d’œuvres numériques et de performances, réparties dans les souterrains de Montréal.

Jersey Girls, sculpture de Bevan Ramsay.

Pour en apprendre plus sur les artistes de cette neuvième édition du festival, un audioguide est disponible gratuitement dans plusieurs édifices participants, de même qu’aux bornes du parcours et sur le site Web de l’événement. Maintenant, la question qui s’impose : par où commencer?

Trop c’est comme pas assez, sculpture de Matthieu Sabourin.

Pour toutes les informations : www.artsouterrain.com

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