Articles Tagués ‘Carole Laure’

CRITIQUE DE LOVE PROJET DE CAROLE LAURE

Texte : Véronique Bonacorsi

Love_Projet_affiche

Montréal d’aujourd’hui. Nid d’une jeunesse confrontée aux innombrables possibilités que lui propose une cité en ébullition culturelle. Avec Love Projet, la cinéaste québécoise Carole Laure offre sa mosaïque d’une génération Y en mal d’affection, trouvant du réconfort dans l’art.

Photo : Les Films Séville

Photo : Les Films Séville

Réunis autour de la metteure en scène Touga (Céline Bonnier) pour un projet multidisciplinaire, une douzaine de jeunes créateurs vivent au rythme de leurs inspirations et angoisses, typiques des adultes de mi-vingtaine à début trentaine. Louise (Magalie Lépine-Blondeau) est en mission pour sauver sa petite sœur adoptive du gouffre de la drogue. Alex (Benoît McGinnis), épris de Louise, passe la plupart de son temps libre à s’occuper de son père affaibli. Mère d’un petit garçon qu’elle délaisse, Julie (Natacha Filiatrault) tente par la thérapie de se sortir du cycle des aventures d’un soir et de retrouver confiance en elle. Pendant que leurs corps, leurs voix s’entrelacent harmonieusement sous les projecteurs, les relations de ces aspirants artistes montréalais, entre eux comme en dehors de la scène, palpitent de manière tumultueuse.

Photo : Les Films Séville

Photo : Les Films Séville

À l’image de ses protagonistes touche-à-tout, la scénariste et réalisatrice de Love Projet a mené une carrière au pluriel, passant auparavant par le jeu et le chant. Un rapport intime à la musique que Laure parvient à exprimer à travers sa quatrième réalisation cinématographique, d’autant plus que la bande originale fut composée par son conjoint, Lewis Furey. Même leur fils Tomas (l’interprète du personnage d’Eliott) a écrit quelques pièces pour le film.

Love_Projet_Carole_Laure

Photo : Les Films Séville

De cette collaboration familiale résulte une ambiance envoûtante, presque de transe, qui enveloppe le scénario du début à la fin. La bande sonore moderne exacerbe l’aspect théâtral de la vie des personnages. Les chorégraphies complexes, intentionnellement imparfaites, où les danseurs s’agrippent, se débattent, reflètent le besoin acharné du contact humain de ces jeunes. Laure tenait à démontrer cette théâtralité que semble avoir adoptée la génération de ses enfants. Ils vivent aussi intensément qu’ils jouent. Mais bien qu’il ne s’agisse pas ici d’une comédie musicale, la présence de la musique enterre parfois la dramatique, déjà trop dispersée entre les nombreuses intrigues.

Photo : Les Films Séville

Photo : Les Films Séville

Une distribution multitalentueuse était requise pour réussir ce portrait crédible du domaine des arts. Ce sont donc bien les acteurs du film que l’on voit exécuter tous les numéros. Un groupe de visages frais, chacun accomplissant l’exigeante tâche de façon impressionnante. Par ailleurs, il faut souligner la présence étincelante de Natacha Filiatrault, nouvelle venue au grand écran, qui parvient à rendre sympathique sa Julie si complexée.

Photo : Les Films Séville

Photo : Les Films Séville

Love Projet de Carole Laure expose des personnages intéressants, vrais, qui résonnent sûrement plus avec le spectateur vivant cet angoissant passage à l’âge adulte. Mais en voulant présenter son hommage à la jeunesse, la réalisatrice a été un peu trop ambitieuse, en tentant d’incorporer le plus de relations emblématiques possible de cette quête d’amour contemporaine. Nous imaginons plus facilement ces histoires déployer leurs ailes narratives grâce au format d’une série télé.

La première mondiale de Love Projet a eu lieu en octobre dernier, lors de la tenue du Festival du nouveau cinéma à Montréal. Le film est à l’affiche dans les salles de cinéma québécoises depuis le 24 octobre 2014.