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Texte et photos : Karine Tessier

Photo : David Wong.

Rares sont les projets qui fusionnent les domaines de l’art et de la santé. Présenté à Tangente, dans l’Édifice Wilder, l’événement multidisciplinaire Les Jeux du crépuscule, dont la création et la direction artistique sont signées Ariane Boulet, se veut une réflexion aussi intime que grandiose sur notre rapport au vieillissement et à la maladie. En plaçant la danse au service de l’humain, l’artiste nous invite à explorer ces passages obligés de l’existence, pour les adoucir et, peut-être, les réinventer.

Une œuvre chorégraphique d’abord, mais également une exposition, des ateliers de coprésence, des discussions, un recueil de poèmes. Un bouquet d’activités, que le public peut découvrir en tout ou en partie et pendant lesquelles il est parfois invité à participer.

Photo : David Wong.

Le spectacle est le résultat de huit années de visites dans plus d’une vingtaine de CHSLD, avec le projet Mouvement de passage. Ariane Boulet et ses acolytes y ont côtoyé des dizaines de personnes âgées en perte d’autonomie ou en fin de vie, insufflant dans leur quotidien souvent difficile un brin de magie. Ils ont égayé les chambres, les espaces communs et même les couloirs des établissements de soin et ont permis aux aînés de s’exprimer, d’interagir, de stimuler leur créativité, de se raconter à travers les gestes et la musique, sans même prononcer un mot. Les résidents ont tissé des relations avec l’autre, un défi immense, dont la réalisation est facilitée par l’intervention de l’art.

Ce sont toutes ces expériences, à la fois banales et hors du commun, douloureuses et légères, tragiques et hilarantes, qui nous sont racontées par les talentueux interprètes des Jeux du crépuscule. Des souvenirs physiques, sensoriels et émotifs, témoins de transformations personnelles résultant du vieillissement et de la maladie. Une dame qui offre à une danseuse une visite guidée de sa chambre, comme si la pièce exiguë tenait davantage d’un majestueux château. Une résidente à l’âme séductrice qui caresse sensuellement le bras d’un artiste, l’œil coquin. Un vieillard malentendant qui « écoute » la mélodie en ressentant les vibrations qui émanent du sol. Une femme atteinte de démence qui, chaque jour, « attend l’autobus » devant la porte de l’ascenseur.

Il émane de l’œuvre d’Ariane Boulet une bienveillance et une tendresse touchantes, un profond respect pour les aînés rencontrés et leurs vies si riches. Sans taire la souffrance,  la créatrice et ses complices proposent au public de focaliser sur l’apport des personnes âgées à notre société, leur générosité, leur humour, leurs 1 000 histoires. Le groupe nous assure qu’il y a, dans les CHSLD, lieux où les conditions de vie et de travail sont parfois pénibles, un « potentiel de party à chaque coin de couloir ».

Photo : David Wong.

Cette sensibilité à fleur de peau, couplée à des habiletés techniques certaines, fait d’Audrey Bergeron, Lucy M. May, Isabelle Poirier, David Rancourt, Georges-Nicolas Tremblay et Julie Tymchuk de grands interprètes. Charismatiques, ils nous offrent un récit qu’on savoure doucement et qui nous fait tantôt rire à gorge déployée, tantôt s’essuyer une larme furtive sur la joue. Si la chorégraphie nous émeut autant, c’est aussi parce qu’elle nous confronte à notre propre fragilité, au caractère inéluctable de la maladie et de la mort.

Photo : David Wong.

Pour accompagner les mouvements fascinants des danseurs, la voix et les mélodies sublimes de Marie Vallée, qui signe la direction musicale, la composition et l’interprétation de la bande sonore des Jeux du crépuscule. La performance de l’artiste sur et aux abords de la scène, plutôt que l’utilisation de pistes préenregistrées, ajoute à l’ensemble une intensité captivante.

On quitte la salle chaviré, avec en main un petit poème d’Ouanessa Younsi, autrice et psychiatre, ainsi qu’une semence de fleur de calendule, symbole du cycle de la vie. De petites attentions qui permettront à l’œuvre d’Ariane Boulet de nous accompagner encore plus longtemps dans le temps.

Bande-annonce ici.

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Atelier : Rencontre avec la technologie de la présence.

Juste avant la représentation, on a eu le privilège d’assister à une des activités inspirées par les recherches des scientifiques Stefanie Blain-Moraes et Naila Kuhlmann. Un petit capteur attaché à notre doigt, pour enregistrer les données de notre système nerveux, on s’est laissé guider par les directives de l’animateur Marco Pronovost. Après quelques profondes respirations, on a été invité à explorer et développer une connexion avec un autre participant à l’atelier, en improvisant des mouvements. Puis, les chercheuses ont analysé les chiffres recueillis, en plus de nous en dire davantage sur leurs travaux. Passionnantes, leurs études ont notamment permis d’observer chez des patients atteints de démence des réactions physiques à l’autre, comme si le corps conservait des souvenirs de rencontres passées que l’esprit a oubliées.

Pour en apprendre plus, c’est ici.

Exposition de Marie-Hélène Bellavance

Lors de ses ateliers créatifs donnés en CHSLD, l’artiste visuelle propose aux résidents et à leurs proches aidants de fabriquer de petites maisons à souvenirs, remplies de fragments de leur histoire personnelle. Avec ce projet intitulé La Maison que j’habite, moi, elle aide les aînés, souvent isolés, déracinés, encore davantage pendant la pandémie de COVID-19, à prendre conscience que leur maison est avant tout à l’intérieur d’eux-mêmes et qu’il est toujours possible de s’y réfugier. Dans l’exposition présentée en accompagnement aux Jeux du crépuscule d’Ariane Boulet, Marie-Hélène Bellavance propose au public les créations des personnes âgées avec qui elle a travaillé, mais aussi ses propres peintures et installations, délicates et précieuses, qui reprennent les thèmes qui l’inspirent depuis ses débuts, soit la vie, la mort, la transformation et la résilience.

L’événement artistique Les Jeux du crépuscule d’Ariane Boulet a été présenté du 28 avril au 1er mai 2022 à Tangente, à l’Édifice Wilder, à Montréal.

Texte : Karine Tessier

Photo : Emily Gan / Danse-Cité.

VEGA, la nouvelle création du chorégraphe et directeur artistique Emmanuel Jouthe, une coproduction de sa troupe Danse Carpe Diem et de Danse-Cité, tient son nom de l’étoile la plus étincelante dans le ciel d’été. Dans cette œuvre, quatre danseurs évoluent, se métamorphosent, tissent et brisent des liens, dans un perpétuel mouvement circulaire. Ils composent une constellation d’astres dont la brillance ne peut être ignorée, mais qui demeurent un mystère à élucider. Avec ce ballet cosmique, l’artiste se questionne sur l’impermanence de l’identité individuelle et collective et pose la question : connaît-on vraiment les gens que nous côtoyons?

Dès les premiers instants du spectacle, les interprètes Élise Bergeron, Rosie Constant, James Phillips et Marilyne St-Sauveur tracent des figures rondes sur les planches immaculées, sous une auréole lumineuse qui fait office de soleil. Ils battent la cadence à l’unisson, le visage quasi imperturbable, simplement rougi par l’effort, sans se toucher ni même prendre conscience de l’existence de l’autre. Puis, au fil des déplacements rotatifs, ils prennent leur envol, s’affirment dans leur unicité, s’attirent et se repoussent. Étoiles ou humains, leur trajectoire de vie est parsemée de rencontres avec des acolytes qu’ils croisent, imitent, soutiennent, abandonnent. Entre ces brèves réunions, les danseurs mettent et enlèvent des accessoires et des pièces de vêtements disposés tout autour de la scène. Leur personnalité se moule à ces costumes. Certaines étoffes briment la liberté d’esquisser des gestes, alors que les chaussures modifient la façon de se mouvoir dans l’espace.

Photo : Emily Gan / Danse-Cité.

En créant cette danse, Emmanuel Jouthe a voulu rendre concret l’espace occupé par l’imaginaire humain. Le public se laisse rapidement prendre au jeu de cette multitude de circonvolutions, rêvant à 1 000 histoires, visitant avec les personnages des territoires jusqu’alors inexplorés et qu’on tente désespérément de défricher, tout en conservant un port d’attache, lien rassurant dans l’univers de tous les possibles. Le travail minimaliste d’Antoine Berthiaume, à la composition musicale, et de Paul Chambers, à la conception des éclairages, accompagne parfaitement ce rituel hypnotique, accompli par des interprètes de talent, qui s’abandonnent volontiers à cette valse étourdissante.

Photo : Emily Gan / Danse-Cité.

VEGA est une œuvre déstabilisante, bouleversante autant par son étrangeté que par sa portée universelle. Au fur et à mesure que les mutations surviennent, les protagonistes sont personne et tout le monde à la fois, déchirés entre l’envie de se faire voir, de se faire reconnaître, et le désir d’anonymat. Seuls ensemble, ils mènent une quête identitaire aussi grisante qu’anxiogène. Quatre êtres réduits au silence, qui évoluent pourtant dans un espace densément peuplé, une image qui trouve écho dans notre société où les fractions sociales pullulent. Avec sa dernière proposition, le chorégraphe et directeur artistique prouve encore une fois qu’il sait reproduire avec justesse sur scène les tourments de l’âme humaine et les complexes rapports qui nous unissent.

VEGA, d’Emmanuel Jouthe, a été présentée au Théâtre Rouge du Conservatoire, à Montréal, du 25 au 28 novembre 2021.

Bande-annonce de VEGA, c’est ici.

Pour plus d’informations sur Emmanuel Jouthe, c’est ici.

CRITIQUE DU SPECTACLE NOUS SERONS ÉTERNELS, MIS EN SCÈNE PAR PATRICK R. LACHARITÉ.

Texte : Karine Tessier

Photo : Maxim Paré Fortin.

Le maître de cérémonie (Yann Villeneuve), vêtu telle une souveraine élisabéthaine, déclame des vers shakespeariens d’une voix singulière, travaillée. Sa performance est brève, mais sa présence captive. L’artiste est charismatique, un peu à la manière des icônes du glam rock.

Derrière un rideau diaphane, le MC prend place sur le trône au fond de la scène, occupée par une douzaine d’acteurs. Ceux-ci, habillés de fringues aux couleurs saturées, dansent chacun pour soi sur des rythmes électroniques hypnotiques, signés Y pop coit. Ce défouloir épuisant les fait se rapprocher de plus en plus, jusqu’à ce qu’ils ne fassent plus qu’un groupe qui saute à l’unisson, sur un beat qui rappelle les pulsations cardiaques.

Tâchant de reprendre leur souffle, ils s’assoient en bord de scène. Sauf une actrice, qui, lentement, sensuellement, se dénude et s’enduit de boue. Transformée ainsi en déesse de la mythologie antique, elle se dirige de l’autre côté de la scène, garni de faux gazon et de quantité de fleurs de plastique multicolores. C’est vers ce jardin d’Éden synthétique que la rejoindront les autres, en se mouvant au ralenti sur le sol.

Ainsi s’ouvre Nous serons éternels, d’après les sonnets de Shakespeare, la dernière création du metteur en scène Patrick R. Lacharité et de La Fratrie. Pendant un peu plus d’une heure, les rimes de l’écrivain anglais seront revisitées en français, en anglais, en mouvement, en chanson.

Cette relecture de ces poèmes écrits au 17e siècle, en collaboration avec le dramaturge William Durbau, est aussi brillante qu’astucieuse. On y met de l’avant des thèmes chers à Shakespeare, comme l’amour, la luxure, la trahison, la cruauté du monde, en soulignant leur intemporalité. Mais on se défait en même temps des codes élisabéthains. Ici, la passion amoureuse et charnelle est épanouie, et non sujette au châtiment. Quant à la vengeance, bien qu’encore douloureuse, elle verse généreusement dans l’absurde.

Dans cet emballant exercice de style, certaines scènes se démarquent. À chacune des présences de Sébastien Tessier, en animateur de discussion féru de l’œuvre shakespearienne, les éclats de rire retentissent. Le public craque totalement pour l’humour décalé du comédien et les malaises délicieux créés par son personnage.

Photo : Maxim Paré Fortin.

Dans un tout autre registre, le numéro de danse de Natacha Filiatrault est à couper le souffle. Son énergie brute prend toute la place, alors qu’elle exécute une sorte de danse de la séduction, passant de mouvements bruts inspirés du krumping à des gestes très sexuels. Au sol, elle termine sa performance en récitant des rimes, le souffle court et le regard intense.

Quant à Alexa-Jeanne Dubé, assise dans l’espace gazonné et fleuri, elle règle ses comptes avec un amoureux qui l’a trahie, se plongeant la tête à répétition dans un seau d’eau métallique. Une illustration si juste de cet état quelque part entre le désespoir et l’autodérision qui nous anime en période de rupture amoureuse.

Photo : Maxim Paré Fortin.

La proposition de Patrick R. Lacharité et de La Fratrie est une réflexion pertinente sur l’intemporalité, qui se déroule dans un univers onirique. On s’y interroge sur notre envie d’éternité. Ne s’agit-il que d’une manifestation de notre ego surdimensionné, d’un besoin croissant d’être vu, en cette ère de selfies et d’autopromotion sur les médias sociaux? Ou désire-t-on plutôt transmettre aux générations futures des valeurs, des œuvres artistiques, un héritage, que l’on croit menacés en ces temps où le monde semble courir à sa perte?

Nous serons éternels n’apporte pas toutes les réponses aux questions qui nous animent. Ce spectacle ludique et débridé sert plutôt à nous faire prendre conscience de l’absurdité de la vie. Pourquoi s’interroger sur l’éternel, alors que la pérennité de notre monde nous semble de moins en moins sûre, à une époque où les conflits armés, les catastrophes naturelles et les manifestations de repli identitaire défraient la manchette au quotidien? Laissons plutôt nos pulsions de vie triompher pendant qu’il en est encore temps. Ce qui importe, c’est le temps qu’il nous reste.

Nous serons éternels, mis en scène par Patrick R. Lacharité, est présenté à La Chapelle, Scènes contemporaines, du 23 au 28 avril.

Toutes les informations : lachapelle.org/fr/nous-serons-eternels-dapres-les-sonnets-de-shakespeare

CRITIQUE DU SPECTACLE UN TEMPS POUR TOUT, de Sovann Rochon-Prom Tep.

Texte : Karine Tessier

Photo : David Wong.

Un large carré blanc dessiné au sol. Dispersés tout autour, des coussins, des plantes et quelques meubles dépareillés. De la fumée odorante s’échappe d’un encensoir. Alors que les spectateurs prennent place sur les coussins à même le sol ou dans les gradins, on distribue des tasses de thé brûlant.

Jean-Édouard Pierre Toussaint alias Sangwn s’avance seul sur le carré blanc. Il esquisse d’abord ses mouvements avec retenue. Puis, les muscles et l’esprit s’échauffent, et la chorégraphie s’intensifie. Le corps du danseur est traversé par toute une gamme d’émotions, se traduisant parfois par de puissants soubresauts. Sa respiration fait office d’instrument, rompant le silence qui règne dans la salle. Des sons s’échappent de sa bouche. Un mot, répété encore et encore : love. Tantôt avec tendresse, tantôt avec fureur. « Bonjour, tout le monde! Je sais pas quoi dire, comme. » Mais Sangwn a déjà tellement dit.

Ce numéro d’ouverture d’Un Temps pour tout, dernière œuvre de Sovann Rochon-Prom Tep, a su rapidement capter l’attention du public. Il est en quelque sorte une invitation à suivre les trois danseurs dans leurs expérimentations vocales et physiques pendant la prochaine heure et demie. Et, à cet appel, les spectateurs répondent spontanément oui.

À Sangwn, se joignent Fréderique Dumas alias PAX et Ja James Britton Johnson alias Jigsaw. Les trois se connaissent depuis une dizaine d’années et tirent leur épingle du jeu dans la communauté hip-hop montréalaise et internationale. En solo, en duo ou tous ensemble, ils enchaînent les mouvements naturellement, avec complicité, et se lancent des encouragements.

Le spectacle, le plus souvent, prend des airs de grosse fête improvisée. Mais, à d’autres moments, le temps semble suspendre son vol. Lorsque Jigsaw, après des salutations fébriles, raconte par sons et par gestes l’histoire d’arbres, le public est tantôt amusé, tantôt provoqué, mais surtout captivé. Le danseur se démarque à nouveau dans la deuxième partie du spectacle, alors qu’il chante des mélodies aux accents blues couché sur le sol, les yeux fermés.

Contrairement à bien des performances de danse hip-hop, Un Temps pour tout est interprété sur de la musique jouée en direct. Les talentueux Vithou Thurber-Prom Tep, au clavier, et Thomas Sauvé-Lafrance, à la batterie, performent en totale symbiose avec les trois interprètes. Leurs rythmes, alliant hip-hop organique et synthétiseurs très 80’s, sont hyper accrocheurs.

Habitués des battles et des jams, les trois danseurs ont dû, cette fois, sortir de leur zone de confort. Travailler avec ou sans musique, chanter, offrir des performances plus longues qu’à leur habitude. Ils relèvent ce défi avec brio, bien ancrés dans le moment présent, le cœur grand ouvert.

Sovann Rochon-Prom Tep. Photo : Christian Moreau.

Pour mettre au monde sa dernière création, le polyvalent Sovann Rochon-Prom Tep a travaillé en étroite collaboration avec les artistes, considérant leur vécu comme une matière première. Ils ont fonctionné par essais et erreurs pour mettre en scène leurs expériences, bien plus que des mouvements. L’humain est au centre de l’œuvre. Et le ressenti a préséance sur l’esthétisme.

Les spectateurs qui étaient dans la salle le soir de la première pourront témoigner de la sensibilité du danseur et chorégraphe… qui a profité de l’entracte pour faire tirer des gâteaux, marinades et savons fabriqués par lui et son père. Une scène plus que rare dans les théâtres et qui a touché droit au cœur les gens présents.

Photo : David Wong.

Un Temps pour tout est une réflexion à la fois intime et collective sur l’identité et la communication humaine. Bien que le public ne participe pas concrètement au spectacle, il est interpellé de multiples façons. On tente d’attirer son attention, de l’impressionner, de le provoquer, de tisser des liens avec lui. Il assiste aux multiples métamorphoses de Sangwn, PAX et Jigsaw, qui se présentent à lui avec sincérité.

Il s’agit d’un spectacle qui intéressera autant les amateurs de hip-hop que ceux qui n’y connaissent rien. Mais, surtout, c’est un baume au cœur en ces temps où on semble parfois manquer cruellement d’humanité.

Un Temps pour tout, de Sovann Rochon-Prom Tep, a été présenté du 31 janvier au 4 février. Il sera repris en supplémentaires les 13, 14 et 17 mai prochains, toujours à La Chapelle Scènes contemporaines.

Toutes les informations ici : lachapelle.org/fr/programmation/un-temps-pour-tout

 

 

Texte : Karine Tessier

Visuels créés par les artistes Pénélope et Chloë.

Du 25 mai au 3 juin, à Montréal, les murs s’abattent. Entre les différentes disciplines artistiques. Entre ceux qui foulent les planches et le public. Mais aussi dans les profondeurs insondables de notre imaginaire. À OFFTA, festival d’arts vivants, on laisse à une cinquantaine d’artistes du théâtre, de la danse et de la performance tout l’espace nécessaire pour créer. Pour cette 12e édition, ils s’interrogent sur les frontières, un thème aussi rassembleur que polarisant. Morceaux choisis d’une programmation débridée, qui fait la part belle à l’hybridité.

Danse Mutante, c’est le relai chorégraphique imaginé par l’incontournable Mélanie Demers et sa compagnie MAYDAY. Prenant racine dans la métropole, la création poursuivra sa route à New York, Bamako, Anvers/Rotterdam, avant de se poser à nouveau à Montréal, à l’automne 2019, à l’occasion d’un événement-marathon. On savourera chaque mouvement esquissé par Francis Ducharme et Riley Sims, sur des mélodies de Mykalle Bielinski.

Si vous êtes charmé par les rimes et les notes envoûtantes de cette dernière, sachez qu’elle proposera, à OFFTA, son concert immersif Mythe, où s’entrelacent chant polyphonique, poésie orale et improvisation. La communion de six femmes, qui chanteront leur rapport au temps, à l’autre, à elles-mêmes.

À mille lieues de l’univers éthéré de Mykalle Bielinski, MAC(DEATH), de Jocelyn Pelletier. Sur scène, l’œuvre de Shakespeare prend des airs de concert métal. L’artiste fait un doigt d’honneur aux codes traditionnels, désireux de faire résonner les classiques ici et maintenant.

Il y a 70 ans, ce sont les signataires du manifeste Refus global qui se questionnaient sur les contraintes sociales. Leur percutant texte trouve-t-il encore écho auprès des Québécois, des décennies après sa parution? L’exposition Refus Contraire, à laquelle une vingtaine d’artistes et d’intellectuels ont contribué, se penche sur la question. À voir à la Galerie de l’UQAM, du 16 mai au 16 juin.

Vous vous passionnez pour l’envers du décor? Tendez l’oreille à la quotidienne OFF.Radio, qui proposera, tout au long du festival, des panels et des performances en lien avec sa programmation. Les émissions, enregistrées au Monument-National, seront disponibles sur les différentes plateformes de l’événement. Parmi les thèmes abordés : la notion de frontière dans le processus de création, la mémoire collective, les arts du cirque.

Pour son œuvre performative et expérimentale Nous serons universel.le.s, Kamissa Ma Koïta s’est nourrie autant des approches féministes, des mouvements altermondialistes et queer, que de la culture populaire. Une expérience immersive, où vous vous interrogerez sur les notions de privilèges sociaux.

L’une des six résidences de création présentées lors de cette 12e édition d’OFFTA, le projet Après la rue, de Mireille Camier et Ricard Soller i Mallol, juxtapose les récits de quatre artistes qui ont vécu de l’intérieur un mouvement de contestation populaire d’importance : la révolution verte à Téhéran en 2009, la révolution du jasmin à Tunis en 2011, les indignés à Barcelone en 2011, ainsi que le printemps érable à Montréal en 2012.

Aalaapi ᐋᓛᐱ, c’est un laboratoire conçu à partir d’un documentaire radiophonique, fruit d’une collaboration entre Québécois et Innus, qui donne la parole à des jeunes de 20 à 32 ans, qui se confient sur leurs passions, leurs peurs, leurs doutes.

Finalement, un rendez-vous incontournable de ce festival d’arts vivants, le MixOFF – Frontières & Boundaries, le résultat de plusieurs semaines de rencontres entre artistes et chercheurs, qui ont réfléchi ensemble sur le thème des frontières.

Pour tout savoir sur la programmation : offta.com