Articles Tagués ‘Benjamin Kravitz’

Texte : Véronique Bonacorsi

 

Bens en 1952. Photo : Basil Zarov

Bens en 1952.
Photo : Basil Zarov

Gardien. Socialement responsable. Légende.

Combien d’établissements peuvent se vanter de jouir de qualificatifs aussi divers? Et une sandwicherie qui plus est? Bens le peut. Pendant presque 100 ans,  ce restaurant a été « le cœur et l’âme de Montréal et du Québec », selon le Dr Elliot Kravitz, petit-fils des fondateurs Ben et Fanny Kravitz.

Pas surprenant donc que cette entreprise familiale fasse l’objet de la nouvelle exposition Bens, le légendaire déli, qui se poursuit jusqu’au 23 novembre 2014 au Musée McCord, réputé pour faire découvrir – ou revivre – à ses visiteurs des morceaux incontournables de l’histoire montréalaise.

Fanny et Ben Kravitz, leurs enfants et leur beau-fils, vers 1953. Photo : Richard Arless Associates

Fanny et Ben Kravitz, leurs enfants et leur beau-fils, vers 1953.
Photo : Richard Arless Associates

Étrangement, le germe de la fameuse épopée du déli, nous devons l’attribuer à l’idée d’un couple d’immigrants lithuaniens d’ouvrir une confiserie. Cette vocation ne saura se concrétiser.  Dès l’ouverture du magasin, en 1908, Benjamin Kravitz et Fanny Schwartz se plient au désir criant des résidents et travailleurs du quartier qui leur réclament… des sandwichs!

Photo : Musée McCord

Photo : Musée McCord

Leur établissement connaît rapidement du succès. Il doit même déménager à deux reprises pour assurer le roulement de la clientèle. Chaque jour, des milliers de personnes – qui prennent en moyenne 12 minutes pour consommer leur repas! – franchissent les portes du restaurant. Parmi elles, des politiciens, des artistes et d’autres célébrités, dont la photo s’est retrouvée, à leur demande, sur les murs de Bens.

Un élément clé de l’engouement que suscitait la création des Kravitz, c’était clairement le refus de laisser un client quitter sans être repu. Et les Montréalais, de tous âges et de toutes origines, s’y sentaient comme chez eux. « Bens était votre maison, pas la nôtre », affirme l’héritier Elliot Kravitz.

Horloge, fin du 20e siècle. Photo : Réal Cyr

Horloge, fin du 20e siècle.
Photo : Réal Cyr

Contacté par la famille Kravitz à la fermeture du restaurant, en 2006, le Musée McCord confie à la conservatrice Céline Widmer la coordination d’une exposition qui permettrait de garder bien en vie le souvenir de cet ancêtre du fast food.

Photo : Musée McCord

Photo : Musée McCord

Bens, le légendaire déli propose donc d’expérimenter à nouveau ce pan de notre héritage, grâce à un parcours nostalgique suivant les trois emplacements de l’établissement. En moins d’une heure, vous ferez le tour de menus, affiches, photos d’époque, slogans rigolos, coutellerie, tables, tabourets, et même un extrait de film mettant en vedette un artiste bien aimé encore de nos jours (nous vous réservons la surprise!).

Photo : Musée McCord

Photo : Musée McCord

Malheureusement, même si le Musée offre une introduction à l’exposition, le public ne pourra profiter du puits inépuisable d’anecdotes qu’est le Dr Kravitz, qui a grandi et travaillé chez Bens. Ses histoires, empreintes d’une touchante reconnaissance, auraient fait un merveilleux compagnon aux visiteurs curieux de l’institution réputée.

Publicité, vers 1980. Photo : Musée McCord

Publicité, vers 1980.
Photo : Musée McCord

De plus, une mise en garde s’impose : l’activité pourrait provoquer des gargouillements d’estomac si vous entreprenez votre parcours aux heures de repas! Mais ça vous donnera une bonne raison de faire un petit détour au Café Bistro du Musée et ainsi goûter à sa recette de viande fumée, inspirée de l’originale de Bens, au menu pour toute la durée de l’exposition.

Site Web officiel du Musée McCord : www.mccord-museum.qc.ca/fr/