Critique de la pièce PAN///POP///R// (Fantasmagorie sur Léon Thérémine)
Texte : Karine Tessier
Créé en parallèle du Festival TransAmériques, le Festival d’arts vivants OFFTA programme les œuvres de jeunes créateurs d’avant-garde issus du théâtre, de la danse, de la performance… ou de tout cela à la fois. L’occasion tout indiquée de découvrir des artistes dont les noms seront bientôt sur toutes les lèvres. Pour cette 8e édition, OFFTA est resté fidèle à lui-même. À l’agenda : des soirées ludiques qui nous ont fait réfléchir sur le monde qui nous entoure.
« Nous vous invitons à prendre part à ce délicat rituel de la représentation.
Celui qui ouvre une brèche dans nos présents.
Celui qui modifie notre regard sur le monde. »
Ce questionnement a pris des formes tout à fait étonnantes dans PAN///POP///R// (Fantasmagorie sur Léon Thérémine) de Mélissa Larivière, Simon-Pierre Lambert, Charles Dauphinais et Maxime Carbonneau. Leur spectacle tient autant du théâtre expérimental, du laboratoire scientifique que du manifeste politique.
Sur scène, les quatre artistes, vêtus de combinaisons dignes de celles d’agents de décontamination nucléaire, sont entourés de caméras, d’un écran, d’ordinateurs, d’un four à micro-ondes, de jouets. Ils évoluent dans ce bric-à-brac sur la musique du génial Navet Confit, qui emprunte cette fois au cinéma de science-fiction des années 1950, à la pop américaine, aux chants russes orthodoxes et à certains discours politiques célèbres.
PAN///POP///R// (Fantasmagorie sur Léon Thérémine), c’est la biographie fantasmée de Léon Thérémine, un ingénieur russe né en 1896, disparu en 1938, retrouvé dans les années 1980 et décédé en 1993. Et l’inventeur du premier instrument de musique électronique, qui porte son nom, dont on joue en bougeant les mains dans le champ électromagnétique émis par deux antennes. Un destin tragique qui a alimenté les rumeurs les plus folles : a-t-il été enlevé par les extraterrestres? Gardé prisonnier pour des raisons politiques? Le mystère plane toujours.
Ce retour sur la vie et l’œuvre de Léon Thérémine est le point de départ d’une réflexion pas banale sur les rapports humains, la célébrité et la noblesse de l’art. Peut-on vraiment connaître quelqu’un en lisant la page Wikipédia qui lui est consacrée? On y apprend des informations plus profondes que celles échangées autour d’un verre à l’heure de l’apéro, non? Et comment s’inscrit-on dans la mémoire collective? Par son travail, ou plutôt par les scandales dans lesquels on a été impliqué?
Des questions dans l’air du temps, soulevées autant par les médias de masse, la blogosphère que nos copains le samedi soir. Mais à aucun moment les interrogations du charismatique collectif de PAN///POP///R// (Fantasmagorie sur Léon Thérémine) ne nous saoulent. Le travail de Mélissa Larivière, Simon-Pierre Lambert, Charles Dauphinais et Maxime Carbonneau est rafraîchissant, décoiffant. Et il sème en nous, entre deux éclats de rire, l’envie de changer le monde. Une invitation inusitée à l’action, qui se conclut par la mélodie de Eye of the Tiger du groupe Survivor, tirée de la bande originale de Rocky 3. Pas banale, on vous disait.
Site Web officiel du Festival d’arts vivants OFFTA : http://www.offta.com/